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The Knick est unique et ne peut que le rester

The Knick Clive Owen Andre Holland - The Knick est unique et ne peut que le rester

Dans une volonté claire de faire évoluer son image avec des shows moins orientés sur la violence et le sexe, Cinemax a fait appel à Jack Amiel et Michael Begler qui ont donc créé le drame médical historique The Knick.

À la télévision, ce sont les scénaristes qui sont aux commandes de l’histoire, mais cette série en particulier est tombée entre les mains de Steven Soderbergh qui réalise tous les épisodes en plus d’être producteur. Ce n’est pas la première ni la dernière série à avoir un metteur en scène pour tout mettre en boite, mais rares sont celles qui ont un technicien de ce niveau au poste de réalisateur.

Pour faire simple, à l’aide de son casting de haute volée mené par Clive Owen et Andre Holland, Soderbergh élève le matériel d’origine pour faire de The Knick une œuvre réellement à part dans l’univers des séries TV. Même des shows magnifiquement réalisés comme Boardwalk Empire ou Breaking Bad n’ont jamais été à ce point dépendants de celui qui s’est installé derrière la caméra. Steven Soderbergh est l’âme de The Knick comme cela était le cas il y a 11 ans avec K Street.

Même quand on ne connait pas sa carrière cinématographique et que l’on n’est pas familier avec ses techniques de travail, il ne faut pas longtemps pour reconnaitre sa touche sur chacun des épisodes de la série. Son rythme, ses mouvements de caméra, son montage, sa proximité, il a dès le pilote donné au show une forme électrisante et il a trouvé le moyen de reproduire cela pour chaque heure qu’il a mise en boite par la suite. Il n’y a pas un épisode qui ne contient pas de scènes mémorablement orchestrées. Le montage étonne ou le cadrage prend par surprise, ou encore la mise en valeur des comédiens sublime leur jeu de façon inattendu. Et il n’est pas juste question d’un plan ou d’une séquence à l’occasion.

Il est certain que Soderbergh ne pourrait pas faire cela avec n’importe quel show. Les scénarii de The Knick se révèlent être eux aussi atypiques dans la forme. L’idée de la série semble de simplement offrir une vision du quotidien de ces médecins au début du 20ème siècle. L’histoire est parfois d’une terrible banalité, sauf qu’il n’y avait rien de banal dans un hôpital à cette époque. C’est le génie des scénaristes qui ne cherchent pas à systématiquement créer du momentum, car quand une opération de l’appendicite devient une question de vie ou de mort, le suspense vient naturellement. Il n’est pas nécessaire d’en faire vraiment plus et le génial docteur Thackery se contente d’être quelque peu excentrique, étant donné qu’il n’a pas vraiment besoin d’en ajouter pour être une figure passionnante. C’est d’ailleurs probablement pour cela que les autres personnages se retrouvent finalement développés de façon plus conventionnelle.

De manière générale, on peut dire que The Knick a sur papier tout pour être un show médical générique avec un twist. Un de plus, pourrait-on dire si on était légèrement blasé – et on ne pourrait pas être plus dans le vrai. Malgré cela, cette première saison qui n’est par ailleurs pas encore terminée nous rappelle à chaque épisode combien elle est unique. Cette manière dont les scénarii laissent à Soderbergh l’espace pour entretenir son style tout en offrant au casting simplement ce qu’il faut pour briller donne naissance à une improbable combinaison. Si cette recette peut être réutilisée, certains shows réussiraient à élever leur intérêt d’un cran, mais on ne peut qu’espérer que personne ne tentera de copier The Knick comme telle, car cela ne pourra être que contre-productif.

En tout cas, à l’heure où certains s’obstinent de façon ridicule à essayer de nous vendre l’idée que les séries allaient évoluer pour devenir de très longs films, The Knick confirme surtout que même si Steven Soderbergh aide à la rendre unique avec son approche cinématographique singulière, elle reste une série en bonne et due forme. Elle est juste fascinante d’une manière différente.