Il est enfin temps pour Uhtred de Bebbanburg de retourner à Bebbanburg ! C’est ainsi que débute la saison 4 de The Last Kingdom. Les années s’écoulent, mais Uhtred ne change pas, tout comme ses motivations. Naturellement, il ne pouvait pas simplement récupérer sa demeure ancestrale, la série ne serait plus très captivante si son héros passait son temps dans le comté de Northumberland. Après tout, il y a toujours des Vikings qui sont prêts à se battre pour vaincre les Saxons une fois pour toutes.
On prend donc les mêmes et on recommence. Cnut (Magnus Bruun) et Brida (Emily Cox) ont un plan pour se saisir de la Mercie, ce qui pousse Æthelflæd (Millie Brady) à demander de l’aide à son frère, mais Edouard (Timothy Innes) n’est pas son père et cherche un moyen de ne pas risquer trop de ses hommes.
Cette saison 4 de The Last Kingdom est donc noyée dans les conflits familiaux, mais les enfants d’Alfred finiront par concilier devoirs et sacrifices pour travailler à concrétiser le rêve de leur père. Leur parcours est d’ailleurs plus central que celui d’Uhtred et ses hommes, même si ce sont eux que nous suivons le plus et qui délivrent tout ce qui fait réellement fonctionner la série.
Mieux, bien que le groupe souffre d’une perte importante assez tôt dans la saison (et que Hild est une fois de plus tragiquement sous-exploitée), Uhtred est rejoint par ses enfants. Ce n’est pas simple, puisqu’il n’a pas été un père exemplaire, mais cela injecte de la fraicheur. Ce ne sont pas les seuls personnages qui viennent étoffer la distribution. Nous avons de nouveaux Merciens dont l’allégeance est fluctuante et un leader viking charismatique émerge pour changer toute la donne.
Cela dit, rien ne peut empêcher une certaine redondance, en particulier durant la seconde moitié de la saison. Comme toujours, nous avons le droit à l’adaptation de deux romans de Bernard Cornwell, The Burning Land et Death of Kings. Cela se ressent particulièrement dans le découpage des épisodes, puisque Uhtred et ses amis passent une bonne partie de la seconde mi-saison à courir dans les champs, alors que la première est définie par un enchainement de tragédies menant à une bataille historique. La saison se termine bien avec une confrontation, mais cela arrive après moult tergiversions.
Là où la saison 3 avait réussi à fondre deux trames narratives en une seule relativement homogène, la saison 4 peine à le faire et souffre alors d’une grosse baisse de rythme en cours de route, suivie par trop de mélodrame politique — ce qui ne sied clairement pas à Uhtred. À ce niveau, The Last Kingdom a heureusement une autre figure clé en la personne de Æthelflæd qui prend régulièrement les devants, ainsi que plusieurs personnages qui permettent d’explorer la position complexe des femmes dans la société saxonne — du moins quand il est question de titres et de pouvoir. Une thématique qui aide la série à compliquer des enjeux qui pourraient, sans cela, apparaitre quelque peu répétitif.
La répétition fait cependant partie de la série à ce stade. Cette saison 4 de The Last Kingdom en paie par moment le prix, étant donné qu’elle en devient trop prévisible. Néanmoins, elle trouve toujours le moyen de surprendre, notamment quand Uhtred comprend, à force de sacrifices, qu’il doit changer son approche, car l’ancienne a fait son temps. Il est encore prompt à prendre des risques non calculés et parfois démesurés, c’est ce qui rend la série aussi divertissante. Il commence donc à mûrir et cette fournée d’épisodes a montré qu’il devait réévaluer certaines choses dans sa vie pour réaliser sa destinée.
Dans ce sens, cette saison 4 de The Last Kingdom a certainement des problèmes avec une intrigue qui ne joue pas sur les forces d’Uhtred d’un bout à l’autre, mais elle nous mène à des évolutions nécessaires pour le personnage et le show dans son ensemble. Le résultat est parfois inconsistant, mais la série ne perd jamais de son énergie et de sa capacité à divertir, même quand l’on passe beaucoup trop de temps dans les champs.