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Séries The Morning Show Saison 2 : Changer. Oui, mais comment ?

The Morning Show Saison 2 : Changer. Oui, mais comment ?

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  The Morning Show Saison 2 Episode 2 - The Morning Show Saison 2 : Changer. Oui, mais comment ?

Après une saison 1 ayant fait remonter à la surface toute la putréfaction d’un système audiovisuel où les violences, harcèlements et autres viols étaient perpétuellement étouffés. La saison 2 de The Morning Show s’attaque à un problème bien plus complexe : comment changer les choses ?

En effet, après avoir exposé les crimes de leur chaine, UBA, Alex (Jennifer Aniston) et Bradley (Reese Witherspoon) se retrouvent dans des situations inédites. La première a décidé de tirer un trait sur la matinale, alors que la seconde est prise au piège d’une émission qu’elle n’aime qu’à moitié. Et au milieu de tout cela, Cory (Billy Crudup), nouveau PDG de la chaine, doit tenter d’imposer ses idées tout en devant se plier aux volontés des actionnaires.

Bref, vous l’aurez compris, cette nouvelle saison débute dans une sorte de bordel généralisé. Et c’est peut-être sa plus grande force. Car au fond, notre époque est un foutoir et, comme The Good Fight (toute proportion gardée), The Morning Show tient à questionner les zones grises. Clairement, les scénaristes ne tentent jamais vraiment de caresser le spectateur dans le sens du poil. Certains, dont moi le premier, pourront bondir en entendant certains propos dans la bouche des personnages, mais la série pousse chacun à s’interroger, à peut-être même définir ses limites, sa propre morale. Doit-on haïr Mitch Kessler (Steve Carell) ? Peut-on accepter Alex Levy avec ses erreurs ? Ces questions, elles auront des réponses différentes selon chaque spectateur, et c’est un compliment, car ici les intrigues peuvent fonctionner comme un détonateur de discussions.

Ce que tient à illustrer cette saison 2, c’est à quel point le changement peut être une chose complexe. Oui, la diversité fait son apparition au sein de la direction avec l’arrivée de Stella Bak (Greta Lee), pourtant elle ne cesse de devoir faire des concessions sur ses ambitions et croyances sous la pression de Cory. Au final, est-ce que les nouveaux schémas ne reproduisent-ils pas les anciens ? À cette question, The Morning Show ne répond pas totalement, elle préfère juste montrer comment la situation n’a rien de simple et que tout cela est forcément un lent processus.

Dans le même temps, la série continue d’être cet étrange objet, à la fois animé d’une envie politique, sociétale et sérieuse et pourtant irrémédiablement soapesque, exagéré et par moment joyeusement irritant. Une nouvelle fois, les scénaristes se régalent en livrant des scènes d’engueulades qui ont de quoi faire exploser plus d’un tympan. Cependant, parfois, la série parvient à baisser le volume pour se faire plus subtile. C’est ainsi que, sans trop entrer dans les détails, la saison 2 offre une histoire d’amour lesbienne sur fond d’outing forcé et une réflexion quant à la vie publique et privée d’une personnalité de la télévision.

Au milieu de ce chaos, les scénaristes ont dû gérer un imprévu : le coronavirus. En effet, c’est en plein milieu du tournage de cette nouvelle saison que la pandémie est apparue à travers le monde avec tous les effets que l’on connaît. Ni une ni deux, l’équipe créative a profité de l’interruption de la production pour réviser sa copie et inclure cet évènement. Pour un résultat en demi-teinte. Si la série évoque avec amertume la légèreté avec laquelle les prémisses de l’épidémie sont traitées, notamment lorsque les présentateurs rient sur les mesures de distanciations prises en Chine, tout cela semble trop survoler pour convaincre totalement. Néanmoins, la fin de saison qui voit l’un de nos personnages contaminés par le virus permet de rendre tout cela plus palpable — et émouvant.

Alors, quoi penser de cette saison 2 ? Elle est au final dans la droite ligne de sa première saison, peut-être un peu plus bordélique. Disons que The Morning Show est plus que jamais la version soap de The Newsroom de Aaron Sorkin, c’est quand on accepte cela que la série peut enfin nous convaincre. Ses exubérances font son charme, surtout lorsqu’elles permettent d’offrir quelques réflexions sur notre époque en pleine mutation.