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The Newsroom : l’affaire Genoa (saison 2)

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The Newsroom saison 2 - The Newsroom : l’affaire Genoa (saison 2)

Dans les bureaux de News Night, rien ne va plus suite à un reportage qui a remis en cause toute leur crédibilité. Une avocate doit alors découvrir comment ils en sont arrivés là, ce qui les ramène tous plus d’un an plus tôt, alors que Jim s’en allait pour couvrir la campagne de Romney et que Jerry Dantana faisait son entrée pour le remplacer. Une source de ce dernier le lancera, ainsi que l’équipe de Mac, sur une histoire controversée : l’opération Genoa.

Pour la saison 2 de The Newsroom, Aaron Sorkin a décidé de revoir quelque peu sa copie et cela a posé certains problèmes. Tout d’abord, le créateur aura des difficultés à trouver ses marques, menant à la production de deux épisodes qui ne seront finalement pas utilisés dans le but de donner le jour à une saison mieux structurée ; celle-ci sera pour le coup composée de 9 épisodes au lieu de 10.

Seuls HBO et l’équipe créative ont une réelle idée à ce jour de ce qui ne fonctionnait pas dans le début de la saison 2 de The Newsroom au point de devoir recommencer en partie à zéro. Cela peut laisser plus que songeur face au résultat final où les défauts prennent le dessus sur les qualités.

L’idéalisme de Sorkin pour un monde journalistique meilleur n’a pas totalement disparu, mais pas de doute sur le fait que le scénariste opte pour la facilité. Le mouvement Occupy Wall Street, la couverture de la campagne Romney ou encore dans une moindre mesure l’affaire avec George Zimmerman sont traités comme on pouvait s’y attendre ; aucune critique faite dans les épisodes ici n’est percutante, tout ayant été dit à l’époque – même l’incompétence journalistique.

Une absence de prise de risque se fait drôlement sentir, l’information réelle passant au second plan au profit d’un reportage fictionnel que devra mener l’équipe de Mac.  La saison s’écroule presque sous l’effet de sa construction narrative qui détruit quasi instantanément les véritables enjeux. Dès le départ, l’échec est connu et pire que tout, aucune place n’est laissée au doute sur la possibilité que l’opération Genoa, une histoire militaire très controversée, pourrait bien avoir eu lieu. Tout ce qu’il reste alors est de découvrir comment Will McAvoy et son équipe en sont arrivés à reporter à l’antenne une fausse information – qui est de taille, c’est avant tout sa particularité première.

Derrière Genoa se dissimule une sorte de témoignage affectif au journalisme. Avec ce reportage, la série peut explorer la difficulté à démêler le vrai du faux, les décisions complexes qu’il faut prendre et aussi ce qui peut pousser un journaliste à utiliser des raccourcis et à briser les règles du métier. Les intentions sont bonnes, mais l’exécution l’est beaucoup moins.

La saison 2 de The Newsroom s’articule autour d’une conception non linéaire où les flashforwards sont là pour soulever des questions et nous aider à explorer le passé. La ligne temporelle apparait parfois brumeuse, et ce n’est pas la coupe de cheveux de Maggie qui viendra contredire ce fait, au contraire ! C’est l’illustration parfaite de ce qui ne va pas, la jeune femme ayant changé drastiquement de look capillaire suite à un traumatisme qui a eu lieu plus ou moins… un an avant qu’elle ne passe à l’acte ! Autant dire qu’il y a de quoi se poser des questions et le personnage n’en ressort pas gagnant, elle qui était déjà trop définie par ses erreurs professionnelles et ses errements sentimentaux.

Là où l’affaire Genoa était un bon moyen pour explorer les grandes thématiques du journalisme – autant dans ses bons que ses mauvais aspects –, on se retrouve face à des situations trop calibrées et un manque d’approfondissement psychologique dommageable. Le sujet n’a alors pas l’impact qu’il aurait dû avoir.

Dès lors, The Newsroom peine à maintenir totalement l’attention, ne provoquant plus comme elle pouvait le faire en saison 1. Il reste, pour se consoler, des dynamiques relationnelles qui se poursuivent ou s’épanouissent, malgré le fait que Will McAvoy sera relégué au second plan la plupart du temps. Il revient à Don et Sloan de faire battre le cœur des shippers ; à Jim de faire oublier sa romance avec Maggie en se trouvant quelqu’un d’autre ; à Mac de bousculer les troupes occasionnellement ; et à Neal de nous rappeler qu’internet et les médias sociaux ont leur rôle à jouer, mais sont aussi régis par des règles stupides.

En fin de route, il reste au double épisode consacré à l’élection présidentielle de remettre finalement l’équipe de News Night sur le droit chemin, de ranimer la flamme à l’aide des grands discours de Will et d’un mélange sentimentalico-politique bien plus efficace que durant les précédents épisodes. On finit ainsi au moins une saison en demi-teinte sur une note heureuse et bienvenue.