Aller au contenu
Séries Autres séries The Serpent : La traque du tueur en série français Charles Sobhraj (sur Netflix)

The Serpent : La traque du tueur en série français Charles Sobhraj (sur Netflix)

  • par
  • 4 min read

The Serpent Serie BBC - The Serpent : La traque du tueur en série français Charles Sobhraj (sur Netflix)

Il est indéniable que les Britanniques ne manquent pas de séries couvrant des histoires vraies de tueurs en séries. La différence avec The Serpent est qu’elle n’est pas au sujet un criminel anglais qui rôde la nuit dans les rues sombres de Londres, mais d’un français qui assassinaient des touristes occidentaux en Thaïlande notamment durant les années 70.

Scénarisée par Richard Warlow (Ripper Street), The Serpent nous parle ainsi de Charles Sobhraj, joué par Tahar Rahim (The Looming Tower), et du diplomate néerlandais Herman Knippenberg (Billy Howle) qui s’est lancé sur sa piste.

Se composant de 8 épisodes, la série retrace les débuts criminels de Sobhraj, sa plus grande période d’activité et ses multiples arrestations jusqu’à sa dernière. On découvre d’abord comment il a rencontré Marie-Andrée Leclerc (Jenna Coleman), une Québécoise qui devint sa complice, et comment Knippenberg devient obsédé par le tueur après avoir identifié les corps de deux de ses compatriotes.

Warlow a décidé d’écrire sa série comme s’il s’agissait d’un puzzle dont les pièces n’allaient pas être dévoilées en suivant un cheminement linéaire. Par conséquent, nous ne cessons de rebondir d’un moment à un autre de façon non chronologique, ce qui est mis en œuvre de manière assez confuse dans un premier temps. Heureusement, Tahar Rahim impressionne une fois de plus avec une performance qui encourage une fascination pour ce tueur élusif. Il offre une accroche à ce récit qui prend difficilement une forme tangible au point de départ en nous rappelant régulièrement que, même si Sobhraj était un monstre, il se voyait comme étant le héros de son histoire. Ses justifications étaient répugnantes, mais elles avaient du sens pour lui.

Bien qu’évitant au maximum d’adopter les ressorts dramatiques classiques du genre, The Serpent finit par véritablement décoller quand l’obsession de Knippenberg pour le tueur prend le dessus. Pourtant, le diplomate est en soi un cliché, l’homme rongé par ses principes au point de ne pas réaliser qu’il perd tout ce qui était important pour lui. Il devient même un problème, car le scénario n’ajoute rien qui pourrait nous permettre de voir en lui plus que cette idée fixe qui le fait avancer. Knippenberg est finalement unidimensionnel.

Un handicap qui est contrebalancé par Sobhraj (ou Alain Gautier comme il se fait appeler la majorité du temps) qui devient toujours plus difficile à véritablement cerner au fur et à mesure que sa relation avec Marie-Andrée (aussi appelée Monique) se développe. On ne sait jamais s’il l’utilise, s’il l’aime ou bien s’il va la tuer dans la scène qui suit. Cette incertitude est amplifiée par la présence d’Ajay (Amesh Edireweera) qui est le bras droit du tueur et qui, comme Marie-Andrée, parait ignorer comment Sobhraj le voit. Ils veulent être aimés par lui et ont simultanément conscience qu’ils pourraient les tuer, même s’ils refusent de se l’admettre à eux-mêmes.

Cette dynamique est ce qui devient fascinant dans The Serpent, en particulier parce qu’on la voit autant de l’intérieur que de l’extérieur, à l’aide des voisins français, Nadine (Mathilde Warnier) et Remi (Grégoire Isvarine). Le couple se retrouvera à jouer un rôle clé entre Knippenberg et sa proie, prenant des risques importants pour stopper le groupe de tueurs tout en cherchant à regagner le contrôle sur leur propre vie.

Si le dernier épisode qui couvre l’arrestation et l’incarcération de Sobhraj tend à survoler assez rapidement de nombreuses années pour nous livrer une conclusion qui semble presque superficielle, c’est parce que ce qui a précédé a par moment été dominé par une minutie parfois étouffante. Cela dit, bien que le scénario est confus dans sa structure au début et est occasionnellement noyé dans les détails par la suite, The Serpent parvient à captiver et à enrager de la meilleure façon qui soit. C’est en tout cas une histoire qui méritait d’être racontée de la sorte.

Publié au début du mois de février, cet article est aujourd’hui remis en avant à l’occasion de l’arrivée de The Serpent en France sur Netflix ce 2 avril 2021.