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The Wilds Saison 1 : Sa majesté des mouches

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The Wilds Saison 1 Amazon Prime Video - The Wilds Saison 1 : Sa majesté des mouches

Si Amazon Prime Video ne se fait peut-être pas remarquer par la qualité de son interface utilisateur (c’est peu dire), la plateforme sait, de manière plus confidentielle que Netflix, proposer des choses audacieuses, bien que perfectibles.

Grâce à Sarah Streicher, créatrice et showrunneuse, nous avons donc un nouvel exemple avec The Wilds. Malgré ce qui en a été dit, il n’y a que le pitch qui est Lostien : après un crash d’avion, alors qu’elles se dirigeaient vers un camp thérapeutique, neuf jeunes femmes se retrouvent coincées sur une île déserte. Cohabiter et survivre deviennent des enjeux bien plus importants qu’elles ne le pensaient.

Pendant dix épisodes, nous allons donc suivre neuf femmes, à l’aube de l’âge adulte, dont certaines se connaissent, alors que les tensions montent et que les traumas se trouvent être autant sur l’île que dans leur passé. Le procédé est simple, mais permet de dessiner sans tarder Leah (Sarah Pidgeon), Fatin (Sophia Ali), Rachel (Reign Edwards), Dot (Shannon Berry), Martha (Jenna Clause), Toni (Erana James), Nora (Helena Howard) et Shelby (Mia Healey). Chacune incarne une personnalité bien distincte et, bien entendu, cela fait des étincelles. Mais très rapidement, et c’est à peine un spoiler, la série opère un virage et dévoile que ce crash et cette survie font partie d’une expérience sociale sur les interactions humaines féminines menées par Gretchen Klein (Rachel Griffiths) et ses équipes.

Les ambitions de The Wilds ne se réalisent pas totalement. Dans ce qui se révèle être une expérience féministe, une boîte de Pétri à ciel ouvert, les raisons semblent l’emporter sur l’action, ne connectant jamais vraiment les deux. Il y a trop d’aléatoire balayé dans le comportement des filles au regard de ce que veut étudier Gretchen, trop de discours sur la finalité de ce qui se joue sur l’île pour que cela matche la nature des différents storylines. Prises indépendamment, elles fonctionnent. Avec un recul sur l’ensemble du projet, cela peut paraître bancal.

Pourtant, la structure tout en dualité de la série apporte une fraîcheur nécessaire au récit qui se joue régulièrement du spectateur et de ses certitudes. Entre passé et présent, quel événement traumatique fait dire aux rescapées qu’elles auraient préféré rester sur l’île ? Entre l’île et le centre de contrôle, qu’est-ce qu’est cette entreprise ? Qui est la taupe ? Le confessionnal n’est pas un artifice narratif, mais un véritable enjeu pour donner à la série la sensation d’être plus que ce qu’elle n’est au premier regard.

Il faut parfois passer au-dessus d’une psychologie de comptoir pour apprécier les personnages. The Wilds a tendance à tirer sur le fil d’un unique trait de caractère associé à un trauma pour dessiner ses protagonistes. Par exemple, Leah est cette jeune fille ayant eu une liaison avec un homme plus vieux et sa fragilité est réveillée par la situation sur l’île pour la rendre folle. Mais elle devient intéressante au contact des autres, dans un contexte particulier et des interactions imprévisibles. C’est vraiment là que la série acquiert sa singularité, dans son expérience sociale qui fait se confronter des personnalités assez primaires ou brouillonnes tout du moins.

La saison n’évite pas la répétition, car elle choisit un environnement tellement épuré, au plus près de la nature la plus sauvage, que l’ennui des filles doit se sentir pour les mener à adopter des comportements sociaux analysables. Le schéma est facile, mais fonctionne à mesure que les liens qui les unissent se tissent et se délitent. L’exemple le plus probant est celui de Shelby, fervente catholique qui va s’ouvrir aux autres et tomber le masque pour s’accepter comme elle est. Le soupçon qui entoure le personnage pendant une bonne partie des épisodes est d’ailleurs très bien mené, la série parvenant à conserver un fil de mystère.

Au final, il en ressort une qui est moins féministe qu’elle est sur les femmes, celles en devenir, confrontées à toutes les facettes qu’elles pourraient être, exacerbées par un environnement hostile. Si les bases de The Wilds sont caricaturales, leurs interactions aident à complexifier l’ensemble. Le mystère est surtout là comme catalyseur et demande à être sérieusement étoffé en saison 2 pour justifier sa présence.

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