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This Is England ’88 : le drame de Noël

This is england 88 - This Is England '88 : le drame de Noël

Après la réussite que fut This is England ’86, Shane Meadows et toute l’équipe reviennent une fois de plus avec une suite qui était naturellement attendue.

18 mois se sont écoulés et nous sommes donc le 23 décembre 1988. Lol vit désormais seule avec sa fille, tandis que Woody s’est refait une vie avec sa famille. Shaun s’apprête à jouer dans une pièce de théâtre et nous reconnectons ainsi avec le groupe à l’occasion des fêtes de Noël. Il ne faut pas longtemps pour se rendre compte qu’il s’est passé pas mal de choses entre Woody et Lol. Cette dernière est par ailleurs aujourd’hui plutôt mal en point.

On peut compter sur Shane Meadows pour délivrer une bonne dose de drame en pleine période festive. Dans un sens, on ne pouvait pas s’attendre à ce qu’il trahisse l’esprit de This is England. Il revient donc avec des choses à dire, mais n’a cette fois que trois épisodes. C’est d’ailleurs un peu le problème au point de départ, car il faut reprendre contact avec tout le monde et le manque de temps impose dans la première partie de nombreux allers et retours entre les différents protagonistes. C’est un peu confus, mais la suite corrigera ça sans tarder en offrant des scènes plus longues et plus intenses.

De l’intensité, il y en a sans surprise, tout particulièrement avec Lol. Vicky McClure a accompagné son personnage à un tel niveau qu’elle mérite un autre BAFTA uniquement parce qu’elle réussit à la faire sourire. Étrangement, c’est probablement les moments les plus difficiles à regarder, car Lol n’est pas heureuse et tout ce qui tend à prouver le contraire n’est qu’une façade qui ne masque à peine la profondeur de son malaise. Heureusement, il n’est pas question ici de la suivre alors qu’elle s’enfonce sans la perspective de jours meilleurs à venir, puisqu’elle va chercher de l’aide et en trouvera. Ce n’est pas nécessairement suffisant dans un premier temps, mais c’est un signe d’évolution pour le personnage et pour la série de manière générale.

Dans le même esprit, mais avec une approche diamétralement opposée, nous retrouvons Woody. Il vit à présent une existence trop parfaite pour être vraie. Il camoufle son mal être le plus profond dans un trop-plein d’amour familial et avec Jennifer, une nouvelle petite-amie qui n’est qu’un accessoire à la supercherie qu’est devenu son quotidien. Cela est aussi tragique que de voir Lol se perdre dans sa culpabilité. Woody a souffert de tout ce qu’on ne lui a pas dit et après que la vérité soit venue le frapper de plein fouet, il n’est pas parvenu à se relever.

Au milieu de tout ça, Shaun est naturellement toujours présent. L’adolescent grandit et ses histoires de cœur manquent cruellement de pertinence ici. C’est un peu regrettable, car avec le temps imparti et tout ce qu’il y a à raconter, la majorité des membres du groupe sont sous-exploités, ils sont presque cantonnés à faire de la figuration. Ce n’est pas le cas de Shaun, probablement parce qu’il était le premier rôle quand tout a commencé, mais il n’y a plus autant à dire sur lui et cela n’aurait pas été gênant de le voir s’assoir en retrait avec les autres pour laisser plus d’espace à un ou plusieurs de ses amis.

This is England ’88 délivre donc le même genre de drame que précédemment. Shane Meadows maitrise indéniablement encore son sujet et sa réalisation, nous plongeant dans de longues scènes d’une rare intensité qui sont heureusement ponctuées par d’occasionnelles doses d’humour et de joie. Cette trop courte saison se terminera d’ailleurs sur une pointe d’optimisme, une façon de montrer que les choses peuvent prendre une meilleure tournure pour Woody, Lol et leurs amis. En tout cas, la série est toujours aussi exigeante émotionnellement parlant et bien que ces trois épisodes ne soient pas irréprochables d’un bout à l’autre, l’heure de la déception n’est pas encore là avec This Is England.