Aller au contenu
Séries Autres séries Que vaut Time after Time, les aventures temporelles de H.G. Wells sur ABC ?

Que vaut Time after Time, les aventures temporelles de H.G. Wells sur ABC ?

Time After Time Saison 1 Episode 3 - Que vaut Time after Time, les aventures temporelles de H.G. Wells sur ABC ?

Après Timeless, c’était donc au tour d’ABC de lancer cette saison une série centrée autour du voyage dans le temps — sans succès. Pour l’occasion, la chaine américaine nous proposa une adaptation du roman Time After Time, déjà porté à l’écran au cinéma sous le titre — français — C’était demain, avec Malcolm McDowell, David Warner et Mary Steenburgen.

Le concept reste le même. H. G. Wells (Freddie Stroma) a construit une machine à explorer le temps et son ami John Stevenson, qui se révèle être Jack L’Éventreur (Josh Bowman), l’utilise pour s’enfuir. Il arrive ainsi à notre époque et Wells le suit pour le ramener. Il reçoit alors l’assistance de Jane Walker (Genesis Rodriguez) qui l’aide à naviguer dans ce monde un peu fou.

Plus qu’un voyage en 2017

Là où d’autres séries utilisent le voyage dans le temps pour nous entrainer dans une nouvelle époque à chaque épisode, Time After Time est plus intéressée par nous montrer des hommes hors du temps qui deviennent des rouages dans une conspiration dont ils ignorent tout.

Dès les premiers épisodes, si H. G. Wells est avant toute chose préoccupé par la capture de John/Jack L’Éventreur, le show se focalise surtout sur l’établissement d’une mythologie qui va visiblement combiner des éléments que l’on retrouve dans l’œuvre littéraire du fameux auteur. Ainsi, au-delà de l’exploitation évidente de La Machine à explorer le temps, le scénario met en place ce qu’il faut pour revisiter L’ile du docteur Moreau. Le twist étant que Wells est le seul à ne pas connaitre ces histoires, mais il y a toujours quelqu’un qui est là pour mettre en avant le parallèle.

Malgré tout, cela reste sous-jacent, puisque l’intrigue se résume tout de même à une simple investigation. Wells, Jane et leurs alliés — une descendante de l’auteur finance l’opération — rebondissent d’une découverte à une autre, ne sachant même pas ce qu’ils cherchent réellement.

Un monde violent

Comme dans le matériel d’origine, Time After Time met en avant la violence de notre époque. Cela dit, puisque c’est Kevin Williamson (Scream, The Following) aux manettes, l’approche est ici beaucoup plus cynique et le pacifisme de Wells est réduit à de la gentille naïveté au lieu de servir à alimenter un propos anti-guerre.

La série utilise alors John en faisant de lui un simple psychopathe. L’éventreur tue parce qu’il aime ça, et puis c’est tout — il ne se fatigue même plus à collecter des organes. C’est un moyen efficace pour avoir des meurtres gratuits et pour les enchainer à un bon rythme. Cela dit, avec la mythologie qui se doit d’englober autant Wells que le célèbre tueur, on explore cette violence, pour ne pas juste dire qu’elle est simplement exploitée. En tout cas, elle est justifiée de façon presque trop cavalière pour qu’un propos pertinent ne puisse se dégager.

51GlyYPClOL. SL500  - Que vaut Time after Time, les aventures temporelles de H.G. Wells sur ABC ?
Price: 7,80 €
small orange - Que vaut Time after Time, les aventures temporelles de H.G. Wells sur ABC ?
Price Disclaimer

Time After Time Saison 1 Episode 2 - Que vaut Time after Time, les aventures temporelles de H.G. Wells sur ABC ?

Un enrobage de guimauve

Time After Time dilue ainsi le peu que l’histoire de base avait à proposer comme commentaire sur son époque pour nous offrir des meurtres à tous les épisodes. Cela dit, la partie comédie romantique n’est pas sacrifiée de la même manière. Au contraire, elle est accentuée dans une tentative un peu facile pour amplifier l’opposition entre Wells et son ami tueur en série.

Concrètement, le célèbre auteur est non seulement un idéaliste, c’est un incommensurable romantique qui vient de trouver l’amour. Cela mène les scénaristes à nous livrer des dialogues noyés dans la guimauve qui ne font qu’alourdir un show aux bases qui se fragilisent d’un épisode à l’autre.

Une adaptation étrangement compliquée

Le problème est qu’adapter Time After Time pour en faire une série au long court s’avère être un travail bien plus compliqué qu’on aurait pu le penser. Après tout, l’œuvre de base n’est pas particulièrement complexe et, avec une machine à voyager dans le temps à disposition, il y a des options assez évidentes pour étendre le récit.

Cela dit, Williamson a décidé de ne pas suivre la voie la plus logique, laissant apparaitre qu’explorer d’autres époques n’est pas une priorité, mais une simple excuse pour dérouter le récit. De plus, sa volonté de conserver son Jack L’Éventreur au cœur de l’intrigue se révèle être une tâche délicate. Ajoutons que les scénaristes sont visiblement plus intéressés par ce qu’ils apportent et non par ce qui vient de l’œuvre originale et on se retrouve avec une histoire à plusieurs vitesses dans laquelle les différents protagonistes et enjeux cohabitent difficilement.

Concrètement, au lieu d’être la force qui devrait faire avancer la série, Wells et John apparaissent presque comme n’étant que de simples twists qui ne font que compliquer les choses.

Des ambitions peu intéressantes

Il est indiscutable que Time After Time ne marche pas sur les traces bien fraiches laissées par Timeless. On peut même se demander si les ambitions de la série ABC n’ont pas dû être révisées à cause du show NBC pour éviter la comparaison.

En tout cas, la direction qui est ici suivie n’est pas très captivante et peine à délivrer le divertissement promis au point de départ. La candeur de cet H.G. Wells est vite mise de côté au profit d’une sorte de conspiration dont les tenants et aboutissants ne se marient pas très bien à la chasse à l’éventreur et à sa soif de sang.

Time After Time semble contenir deux séries au fond différent forcées de cohabiter dans un écrin assez restrictif et les scénaristes ne savent pas laquelle doit être sacrifiée pour permettre à l’autre de respirer. Entre la violence gratuite, le romantisme dégoulinant et des mystères sans saveur, la série perd rapidement dans ces premiers épisodes sa capacité à divertir. Maintenant qu’elle est annulée, poursuivre l’aventure — quand les derniers épisodes seront finalement proposés — apparait être moins pertinent qu’une (re)lecture des livres de Wells.