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To The Ends of The Earth : une traversée initiatique pour Edmund Talbot (série complète)

To The Ends of The Earth - To The Ends of The Earth : une traversée initiatique pour Edmund Talbot (série complète)

Aujourd’hui, ce brave prétentieux mais finalement attachant Britannique Edmund Talbot n’aurait qu’à prendre l’avion pour se rendre en Australie. Imaginons que par un étrange concours de circonstances, il ne puisse s’acheter ses billets en première classe, Edmund devrait le temps d’une journée (un peu moins, un peu plus, tout dépend des escales) côtoyer quelques passagers qui pourraient le remettre à sa place.

Autant dire qu’il n’aurait strictement rien appris, car en plus, cela a parfois du mal à rentrer dans son petit crâne. Edmund Talbot, qui est incarné par Benedict Cumberbatch, est le héros improbable (ou presque) de la mini-série To the Ends of The Earth, adaptation de la trilogie de romans de William Golding. Je ne les ai pas lu, mais comme nous tenons là une série en trois épisodes, pas la peine d’avoir fait Maths Sup / Maths Spe pour comprendre qu’un livre correspond à un roman (surtout que les épisodes portent les mêmes noms).

Plus sérieusement, Talbot embarque pour un voyage qui doit le conduire en Australie après que son influent parrain lui ait obtenu un emploi auprès du Gouverneur de New South Wales. Le jeune aristocrate embarque sur un ancien vaisseau de guerre britannique qui symbolisera une étape importante de son existence. C’est là que l’homme va devoir apprendre à ravaler ses préjugés et ses idées sociales. Là aussi que le fonctionnement du monde va se complexifier, car Edmund est imbu de lui-même, prétentieux plus que de mesure, et certainement inexpérimenté dans bien des domaines.

Les passagers sont alors aussi colorés et diversifiés que le sont les hommes de l’équipage. Au départ, les portraits se veulent assez grossiers pour beaucoup, ou en tout cas ils sont accentués par les faux pas que cumule Edmund. Certains le resteront d’ailleurs jusqu’au bout ou presque. Plus la mini-série avance et plus les personnages qui méritent qu’on s’y attarde vont s’affiner. Pendant ce temps, la série enchaine de façon trop évidente les multiples conflits et dangers, avec par moment une absence réelle de cohésion. Le paroxysme est atteint avec le passage du bal, et la pseudo-romance avec Joanna Page, qui est assurément le grand moment de faiblesse de l’ensemble qui connaît divers haut et bas, à l’image du bateau qui traverse bien des épreuves. En plus, cela vient quelque peu gâcher la fin (qui a trouvé juste avant le moyen de s’étirer).

Mais passons, car si To The Ends of The Earth n’est pas captivante sur son ensemble, Talbot aura multiples occasions d’apprendre l’humilité et le respect. Il continuera jusqu’au bout à faire des erreurs et je n’ai pas comptabilisé le nombre de fois où il a perdu connaissance. C’est dans l’adversité qu’ Edmund se révèle attachant et humain. C’est dans ses rapports avec le lieutenant Charles Summers ou encore dans ses échanges avec Miss Granham – parfaite d’un bout à l’autre – qu’il gagne à être connu. Son arrogance et sa stupidité (difficile de l’appeler autrement par moment) vont quand même avoir de graves conséquences, et les revers sont bien plus efficaces qu’assister à ce qui va entrainer la leçon de vie. L’intensité dramatique se montre plus réussie que les moments plus légers – en tout cas, quand le bateau n’est pas en train de tanguer et les hommes de se saouler.

To The Ends of The Earth utilise donc sa traversée pour y faire émerger une autre : celle de l’existence. Un enchainement d’évènements duquel ce brave Edmund a dû tirer des leçons parfois rudes, mais amplement nécessaires. Un peu de contexte historique et une bonne dose de danger pour le bateau qui pourrait ne jamais arriver à port, et la série parvient ainsi à garder le cap – malgré le fait qu’elle menace sporadiquement de chavirer. On sait qu’il va arriver à destination, et que même si le Capitaine campé par Jared Harris n’est pas un homme particulièrement aimable, il connaît son boulot. Ceux qui ont fait la série aussi, car dans ses travers, l’ensemble parvient avec quelques notes d’intensités et quelques portraits plutôt réussis à se révéler au moins agréable, et sans l’option de mal de mer (pour moi, ce dont je le suis reconnaissante).