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Top of the Lake : L’Enfer au Paradis

une top of the lake - Top of the Lake : L'Enfer au Paradis

De retour dans son pays pour visiter sa mère malade, la détective Robin Griffin est appelée pour travailler sur l’affaire de Tui Mitcham, une jeune fille de 12 ans enceinte qui disparaitra dans la nature. Son père, un truand local, ne s’inquiète pas pour elle, mais Robin, hantée par son passé, est prête à tout pour la retrouver.

Co-production entre l’Australie, la Nouvelle-Zélande, l’Angleterre et les États-Unis, Top of the Lake est une mini-série ambitieuse de Jane Campion et Gerard Lee qui nous parle de la nature humaine dans ce qu’elle a de moins glorieux.

Le show nous entraine dans un petit coin isolé de Nouvelle-Zélande pour nous raconter l’histoire de Robin Griffin – incarnée par Elisabeth Moss – qui revient dans sa ville natale où elle sera confrontée aux horreurs de son passé autant qu’à la peur de son futur. L’intrigue tourne autour de la disparition de la jeune Tui, mais celle-ci se révèlera surtout être un catalyseur narratif.

Il faut dire qu’il y a quelque chose de sinistre dans la région entourant le Lac Wakatipu et Tui n’est finalement que l’une des victimes de cet environnement qui semble faire avant tout ressortir le côté le plus sombre des gens, sans que personne n’en tienne réellement rigueur. La détresse des uns et la cruauté des autres sont palpables, mais tout le monde se tait par peur de perdre le peu qu’il y a encore à sauver.

Top of The Lake suggère le glauque derrière une cinématographie léchée et des portraits difficilement esquissés, mais étrangement fascinants. Bien que l’on nous parle tout du long de crimes horribles, qu’ils aient été commis ou simplement insinués, la série ne distille curieusement pas une atmosphère étouffante, profitant des spectaculaires décors pour échapper à la claustrophobie sous-entendue par l’isolement de cette communauté pourrie en son cœur. Un choix qui sert les ambitions artistiques de Jane Campion dont le but était clairement de s’éloigner de son médium de prédilection pour tenter d’une nouvelle approche créative.

C’est là que repose le gros problème de cette mini-série. Narrativement, elle a visiblement été pensée comme un long film qui a alors été maladroitement découpé en sept parties inégales. Le rythme est saccadé et le montage manque par moment cruellement de fluidité, ce qui amplifie nettement une confusion déjà présente par l’absence de repères temporels notables. De plus, le scénario s’égare de façon régulière. Robin sert de point d’accroche, mais autour d’elle tout s’éparpille sans nécessairement déboucher sur quelque chose de pertinent. Le dernier tiers de la série est tout de même moins affecté, rassemblant parfois maladroitement les bouts d’histoire qui n’ont pas abouti pour tenter de les entrainer vers une conclusion qui finit par devenir trop évidente avant même que l’on s’y engage.

Il est indéniable que Top of the Lake est une œuvre assemblée avec de réelles ambitions artistiques et une maitrise technique remarquable. Son sujet et ses thématiques sont traités avec justesse et sensibilité, aidés par d’excellents acteurs. Malgré tout cela, elle parait ne jamais vraiment embrasser les codes de son format et s’égare alors régulièrement. Il est dès lors probablement préférable de la regarder d’une seule traite, aussi éprouvant que cela puisse être, car il semble que c’est de cette manière que Jane Campion la préfère et l’a conçue – même si une partie seulement des défauts s’estomperont de cette façon.