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Séries Trauma : Encéphalogramme plat

Trauma : Encéphalogramme plat

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Trauma saison 1 - Trauma : Encéphalogramme plat

ITV aime ses thrillers et nous en propose un nouveau avec Trauma, mini-série en 3 épisodes diffusés en trois séries consécutives de Mike Bartlett — créateur de Doctor Foster.

La vie de Dan est bouleversée par la mort de son fils, Alex, poignardé et mort à l’hôpital, sous les derniers gestes du médecin Jon Allerton. Alors que le suspect du meurtre est identifié et arrêté, Dan (John Simm) devient convaincu que Jon est responsable de la mort d’Alex et est obsédé par rendre justice lui-même.

Pendant trois épisodes, nous allons suivre l’intrusion du père de famille dans la vie de Jon (Adrian Lester), obnubilé par ce qu’il pense être une erreur médicale d’un mauvais médecin et d’un traitement mal réalisé.

Quand il s’agit de construire un thriller, la tension vient dans les petits détails : un sourire perçu au loin, un regard mal placé, un geste brusque… Nous avons tendance à tout surinterpréter et la série joue alors de cela pour créer une ambivalence, une double perception que les mots ne peuvent dire.

Au départ, Trauma ne cherche pas à traumatiser, mais à faire monter le ressentiment et la colère mal placée jusque dans ses plus sombres recoins, jusqu’à l’éclatement. Elle nous annonce une exploration du deuil en se concentrant sur un sentiment fort : la colère (et tout ce qu’elle engendre).

La mort d’Alex n’affecte pas que sa famille, mais aussi l’équipe médicale qui était dédiée à sa survie. Le scénariste Mike Bartlett n’oublie donc pas de montrer à quel point le personnel soignant peut être touché par la mort, par ces vies qui passent entre leurs mains. C’est ici extrapolé par la confrontation entre Jon et Dan, mais peine à prendre corps comme il se devrait.

Si le récit nous est vendu comme un duel entre un père en deuil et le médecin qui était là au dernier souffle de son fils, il s’attarde essentiellement sur le premier. John Simm fait comme à l’accoutumée un travail impeccable dans ce rôle de père déboussolé qui tente de comprendre, mais qui, aveuglé par sa perte, dirige sa rancœur dans la mauvaise direction.

Il y aurait eu probablement quelque chose à faire en mettant en parallèle l’élucidation du meurtre et le possible procès pour faute médicale. En se concentrant uniquement sur la rage de Dan, Trauma dilue son propos et le rend presque anecdotique. Quand elle s’attarde sur le médecin et ses regrets, elle le fait par petites touches et sans approfondissement.

De même, la mini-série veut nous faire croire à un thriller quand Dan s’immisce dans la vie de Jon (à son travail, en consultant sa femme, psychologue), mais les pièces se suivent et ne s’assemblent pas ou peu. Les problèmes et potentiels moments de rupture s’alignent et n’arrivent jamais. La manipulation psychologique aurait été une piste à explorer plus en profondeur, l’angle financier pour un homme qui vient de perdre son travail contre un riche médecin également. Le drame se dilue dans des discussions creuses et limpides, sans réelle saveur.

En somme, Trauma commence avec un premier épisode prometteur et émouvant pour s’étioler dans un récit aux bonnes idées, mais à l’exécution médiocre. Il faut alors se raccrocher à la partition de John Simm pour tenir jusqu’à un final sans réelle saveur.


Publié en février 2018, cet article sur la série Trauma est aujourd’hui remis en avant à l’occasion de la diffusion de l’intégralité ce jeudi 12 septembre 2019 sur la chaine française SundanceTV à partir de 20h45.