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Séries Travelers saison 2 : Sauver le futur a un prix

Travelers saison 2 : Sauver le futur a un prix

Travelers Saison 2 - Travelers saison 2 : Sauver le futur a un prix

Pour sa deuxième saison, Travelers – ou Les Voyageurs Temporels dans sa version française – se devait de confirmer son potentiel après avoir été une des bonnes surprises de la fin d’année 2016. Créée par Brad Wright, cette production canado-américaine suit les aventures d’agents du futur qui sont venus à notre époque pour changer le court de l’histoire en s’appropriant l’identité de contemporains.

Une équipe en crise

La saison prend la suite directe des évènements du final de la précédente. Trevor (Jared Abrahamson) et Grace (Jennifer Spence) sont blessés, l’équipe est divisée quant au futur de leur mission et la couverture de MacLaren (Eric McCormack) au FBI est percée à jour. Cette conclusion inattendue est finalement vite réglée à l’aide de quelques facilités scénaristiques. Cela mène à un début de saison en demi-teinte pour les protagonistes qui est contrebalancé par l’introduction de nouveaux enjeux et de nouveaux personnages qui relancent l’intrigue dans une bonne direction.

Une fois la situation tirée au clair et les objectifs redéfinis, Travelers amène doucement ce qui sera le cœur de la saison : la remise en cause du bien-fondé de leur quête et de la moralité de leurs actions au XXIème siècle. Vivre la vie d’un autre en toute impunité et profiter de l’affection et du soutien de personnes qui n’ont pas conscience que celui qu’ils aiment n’existe plus est de plus en plus pesant pour les membres de l’équipe. Cela sera à plusieurs reprises une source de remords et d’écarts à la mission, parfois aux issues dramatiques.

Une histoire humaine avant tout

Malgré les conspirations et les conflits qui se forment et prennent de l’ampleur, cette deuxième saison de Travelers est avant tout l’occasion pour développer les relations et les personnages établis l’année passée.

Phillip (Reilly Dolman) sort particulièrement du lot, rongé par ses démons et luttant à chaque instant contre ses addictions. Ses connaissances sur le futur devenant également de plus en plus obsolètes à mesure que les actions des voyageurs modifient le déroulement des évènements, il remet en question son rôle et l’aide qu’il peut dorénavant apporter à son équipe. Sa solitude et son désarroi parlent directement à l’ado un peu perdu que l’on a été, sans tomber dans le pathos.

De son côté, Marcy (MacKenzie Porter) cherche à combler le vide qui l’habite depuis qu’une partie de son passé a été effacé et tente de reconstruire sa relation avec David (Patrick Gilmore). Cette intrigue, légèrement frustrante pour les plus romantiques d’entre nous, ne traîne heureusement pas trop en longueur et permet à MacKenzie Porter de délivrer une excellente performance. La relation entre Trevor et Grace, les deux marginaux de la série, qui se développe simultanément est par contre l’une des plus belles surprises de la saison.

Le casting, principal comme secondaire, est indéniablement l’une des raisons de la réussite de cette saison, et se permet même quelques ajouts. Le premier voyageur par exemple, Vincent Ingram, interprété par l’excellent Enrico Colantoni, introduit de nouveaux enjeux et un anti-héros énigmatique. Malgré son nombre limité d’apparitions, Vincent vient parfaitement compléter cette fresque humaine et complexe.

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Une saison qui pousse encore plus loin son concept

Cette saison marque une réelle rupture avec la précédente, oubliant le cas de la semaine pour une formule beaucoup plus feuilletonnante. Travelers enchaîne les épisodes à concept, sans abuser, pour toujours sortir de sa zone de confort. Ce changement constant de dynamiques crée une ambiance oppressante à souhait qui fait toute la personnalité de la série. Le double épisode épidémique et la mission « un jour sans fin », entre autres, sont de vraies réussites qui ne laissent pas indifférents.

Travelers prend un tournant plus sombre en abordant des sujets de plus en plus difficiles. Ainsi, les addictions, la violence au sein du couple, la perte d’un enfant ou les attouchements sur mineur sont abordés avec beaucoup de sensibilité et de pudeur. Tout en conservant les considérations écologiques en toile de fond, Travelers confirme de statut de production engagée, et défend ses principes avec un certain talent.

Le risque de ce type de scénarios de science-fiction est de se laisser dépasser par son concept et de s’embourber dans la complexité de ses propres paradoxes. La série évite jusque-là les pièges, mais pas sans mal, et cela se ressent quelquefois. L’ensemble parvient néanmoins à rester cohérent et à délivrer des réponses. La mythologie autour du Directeur notamment, et sa morale discutable, s’étoffent et intrigue d’autant plus. Alors que la série se poussait elle-même dans une impasse, le retournement de situation final s’avère très bien pensé et devrait relancer les enjeux pour la saison prochaine.


Intelligente, divertissante et dynamique, Travelers est une petite pépite de science-fiction. A instar de 12 Monkeys ou très récemment Dark, elle va au bout de ses idées, n’hésitant pas à proposer quelque chose de différent. Elle brille par son humilité et réussit, avec peu de moyens, à se démarquer des productions d’anticipation tape-à-l’œil et vide qui envahissent nos écrans. Affaire à suivre avec beaucoup d’intérêt, on l’espère, l’an prochain.

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