Ray se réveille dans l’appartement de Caspere, son agresseur n’ayant pas utilisé des munitions traditionnelles. Ani et Paul continuent alors à chercher des informations sur Caspere, ce qui les mène chez le maire de Vinci.
Nic Pizzolatto a le mérite de ne pas essayer de jouer trop longtemps avec les retombées de l’excellent cliffhanger de l’épisode 2. Certes, cela réduit notablement sa force, rétrospectivement, et établit le niveau de prises de risques que le scénariste n’est pas intéressé à prendre, mais on ne perd pas de temps à s’appesantir sur le sujet.
Au contraire, puisque Ray cherche des réponses sans tarder et l’investigation passe à la vitesse supérieure. Idem pour Frank qui sent la pression montée et, quelque peu animé par le manque évident d’options, il resserre son emprise sur ses partenaires professionnels.
Concrètement, cette saison 2 de True Detective est définitivement lancée et ce troisième épisode digresse très peu. En fait, quand nous nous éloignons de l’enquête, c’est pour nous intéresser au passé qui est en train de rattraper les hommes de la série – Ani semble en effet être épargnée pour l’instant.
Pour Paul, cela est malheureusement encore trop superficiel, bien qu’il y ait une progression. Nous n’avions jusqu’à présent que quelques plans suggestifs et des dialogues à double sens, mais cela change. Ainsi, les clins d’œil sur son homosexualité refoulée deviennent tellement visibles qu’il est difficile de ne pas espérer qu’il se décide à admettre son problème rapidement. Néanmoins, Paul est traité comme un personnage de second ordre et cela est quelque peu dérangeant par moment.
Le cœur de cette saison de True Detective est définitivement Ray et la lente évolution de sa relation avec Ani lui permet de montrer une facette légèrement différente. Sa collègue se présente de plus en plus comme une porte de sortie pour lui alors qu’il réalise qu’il est plus proche du fond qu’il ne l’imaginait. Ani fait ressortir le flic qui sommeille en lui et cela rend le duo intéressant.
Il est donc dommage que toute la partie sur la corruption soit si poussivement remise en avant. Ce n’est d’ailleurs pas la seule qui ne cesse d’être répétée de manière à ce qu’on n’en oublie pas l’existence. Les rappels incessants sur le style de vie de Caspere paraissent être imposés pour éviter que l’on perde de vue le fait qu’il se passait des choses pas très nettes qui doivent remonter à la surface. Cela dit, puisque c’est plus ou moins la thématique de l’épisode, on peut penser que cela était probablement nécessaire à un certain niveau.
Ainsi, Frank doit renouer avec son ancienne façon de faire du business et se salir les mains de la sorte n’est pas plaisant pour lui. Dans le même ordre d’idée, Paul reconnecte avec un frère d’armes qui ramène à la surface des détails qu’il préfère oublier. Enfin, la vengeance de Ray est clairement en train de le rattraper maintenant qu’il sait qu’il est lui-même au cœur d’une enquête.
Tous ces hommes ont fait des choses qu’ils aimeraient laisser derrière eux, mais ils n’y parviennent pas. L’enjeu de la saison s’affirme dès lors à ce niveau. Comment vont-ils réussir (ou non) à échapper à leurs fantômes ? La mort de Caspere n’était qu’une étincelle qui lança de multiples réactions en chaine. Résoudre l’affaire apparait alors secondaire, même si cette investigation est ce qui permet à toutes ces intrigues de réellement prendre corps.
Cette saison 2 de True Detective se poursuit donc à gagnant en consistance. Dans ce sens, elle se montre plus accrocheuse, même si elle parait devenir de plus en plus conventionnelle au fur et à mesure qu’elle avance. Cela n’est pas aidé par une réalisation assez plate qui parvient à peine à donner forme aux motifs du genre dans lequel cette histoire s’inscrit. Cela est quelque peu regrettable, mais avec le travail des acteurs qui est de plus en plus solide d’un épisode à l’autre, il y a au moins une compensation, à un certain degré. Peut-être que le prochain réalisateur sur la liste corrigera ça, car il y a un potentiel qui ne demande qu’à être développé à ce niveau.