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Tyrant : retour au pays (pilote)

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Tyrant - Tyrant : retour au pays (pilote)

Vivant à Los Angeles, Bassam « Barry » Al Fayeed retourne pour la première fois en 20 ans avec sa famille dans son pays natal à l’occasion du mariage de son neveu. Barry n’est cependant pas un citoyen comme un autre, il est le jeune fils du dictateur d’Abbudin.

Sur papier, Tyrant se présente comme une ambitieuse série qui propose d’explorer la complexité culturelle et politique du Moyen-Orient à travers le pays fictionnel qu’est Abbudin. Le sujet est on ne peut plus riche et peut sans difficulté donner le jour à une série de haute volée.

Néanmoins, si ce pilote est annonciateur de la suite, ce n’est pas dans cette direction que nous propose d’aller Howard Gordon (24, Homeland), qui est l’homme qui se cache derrière la série. Cette dernière aura connu de multiples problèmes au cours de son développement – comme le retrace cet article de The Hollywood Reporter – et au final, elle a encore bien des choses à surmonter pour se montrer un minimum accrocheuse.

Le problème de ce premier épisode de Tyrant réside dans son traitement si stéréotypé de son histoire et de ses personnages. Après toutes ces années loin de chez lui, Barry retourne donc avec sa femme et ses deux enfants adolescents à Abuddin, pays sous un régime dictatorial dirigé par son père. Si Barry est peu loquace, des flashbacks nous offrent un aperçu de ce que fut sa jeunesse. C’est d’ailleurs au cœur de ceux-là que l’on trouve peut-être le moment le plus intéressant de ce pilote, avec un jeune Barry faisant quelque chose de particulièrement inattendu qui vient soudainement offrir un véritable potentiel pour le personnage.

Avant cela, ce dernier est majoritairement transparent, Adam Rayner délivrant une performance peu enthousiasmante. Si on peut sûrement discuter du choix de l’acteur (ce dernier n’étant pas d’origine arabe), c’est surtout sa difficulté à imposer sa présence qui est problématique. Cela aurait sans aucun doute aidé à élever le niveau de Tyrant qui se noie trop régulièrement dans ses excès et une exposition très mal écrite.

On peut légitimement se demander qui sont les moins bien lotis dans cette histoire, mais la palme revient peut-être à Molly (Jennifer Finnigan), l’épouse de Barry qui parait complètement déconnectée de la réalité politique du pays où a grandi son mari et ce que cela implique pour ce dernier. Le couple a deux enfants adolescents, tous les deux sont écrits de façon diamétralement opposée de façon à incarner deux réactions différentes. Si la jeune Emma (Anne Winters) s’en tire assez bien, le pauvre Sammy (Noah Silver) en paie le prix. On peut tout de même espérer que Gordon a tiré des leçons avec Dana Brody sur Homeland et que la suite se reposera sur plus de nuances.

Celles-ci font de toute façon terriblement défaut au pilote de Tyrant qui utilise chacune de ses scènes pour bien nous signifier qui sont ses personnages et nous le répéter encore et encore. Jamal (Ashraf Barhom), le frère de Barry, est présenté de la pire des façons possibles, enchainant les actes de violence sur les femmes et les hommes et abusant continuellement de son pouvoir. S’il est aisé de concevoir qu’une telle personne peut émerger dans le contexte dans lequel il a grandi, nous l’illustrer de si nombreuses fois ne fait que desservir le propos et rend le personnage caricatural. Il est peut-être celui qui souffre le plus de ce procédé au sein de ce premier épisode, mais il n’est pas le seul à être affecté par une écriture plutôt feignante.

Barry : I told you we shouldn’t have come.

Malgré un sujet alléchant, Tyrant commence donc avec un pilote dénué de toute finesse et qui pose bien des obstacles pour la suite. Il y a quelques notes d’espoirs dans l’ensemble, mais la route s’annonce longue pour réussir à remettre en avant l’ambigüité du propos.