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Underbelly – Saison 1

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La guerre des gangs de 1995 à 2004 à Melbourne. Adapté du livre Leadbelly: Inside Australia’s Underworld de John Silvester et Andrew Rule.

Entre 1995 et 2004, Melbourne fut le théâtre d’une violente guerre de gang. Son histoire s’est vue retranscrite par deux journalistes, John Silvester et Andrew Rule, dans un livre intitulé Leadbelly: Inside Australia’s Underworld. En 2008, The Nine Network, qui l’a adapté, commence ainsi la diffusion, mais cette guerre n’est pas totalement finie et le meurtre de Lewis Moran étant encore en jugement, la justice s’en mêle et va créer, sans le vouloir, une campagne médiatique plus que conséquente qui va propulser la série vers un succès inévitable.

Le renouveau de la télévision australienne semble devoir passer par la provocation. Après Satisfaction, la série de la chaine Showcase se centrant sur des call-girls et leurs clientèles, Underbelly ne lésine pas sur les moyens pour choquer. Quand la première parle et montre du sexe, la deuxième en fait autant, en plus soft certes, mais y ajoute une grosse dose de violence, le tout en prime time. Bien que cela fasse partie intégrante de la série, de son concept, et surtout de son argumentaire publicitaire, réduire les treize épisodes qui composent cette saison à ces deux composants risquerait de dérouter le spectateur qui s’attend à ne voir que cela.

À la base de la série, il y a son histoire, et les figures du crime organisé qui gardent ici leurs véritables noms. Tout débute avec Alphonse Gangitano, criminel notoire, colérique et arrogant. Il est accompagné de son ami, Mark Moran, et conduit par Carl Williams. Nous sommes en 1995, Gangitano va faire couler les premières gouttes de sang. On nous explique que la guerre a véritablement démarré là, mais avant que Williams et Moran s’affrontent, les épisodes vont passer. Le format se répète, on commence par nous présenter les nouveaux joueurs, et on conclut en général par le décès d’un mafieux. Chaque épisode couvre une période temporelle, marquée par une mort violente. Les pions se mettent en place, les ennemis se font, les alliances se défont, les traitrises ne manquent pas, comme les dommages collatéraux.

Il y a tous les ingrédients pour une bonne histoire de mafia, mais il ne faut pas oublier que tout est vrai, ou presque, car les policiers, eux sont plus ou moins fictifs. Cet élément qui fit tant parler va se montrer handicapant, car pour rester dans l’authentique, il n’est pas possible de rendre un personnage meilleur que son alter ego. Difficile de créer des intérêts dramatiques conséquents là où, dans la vraie vie, il n’y en a pas. La première moitié de la saison va beaucoup en souffrir avec ses guignols comme Dino Dibra ou Richard Mladenich. Les plus charismatiques se retrouvent en prison ou se font tuer. Une fois Williams au pouvoir, les choses s’amélioreront nettement, les personnages s’installent, on apprend à mieux les connaître, et même à les apprécier. Ajoutons à cela que la partie technique va aussi progresser.

La réalisation est un problème majeur qui est rapidement devenu le principal handicap de la série. Le pilote se montre assez bien maitrisé, même si quelques effets peu gracieux viennent légèrement entacher le visionnage. Par la suite, nous allons naviguer entre mouvements de caméra ridicules, ralentis inutiles et accompagnements musicaux du plus mauvais gout. À cela, il faut ajouter que les acteurs de second plan ont parfois du mal à rester crédibles dans leurs rôles, tombant facilement dans la caricature. Là encore, la seconde moitié de l’histoire se montrera supérieure en bien des points, sans pour autant réussir à s’affranchir de tous les défauts devenus inhérents au style même de la série.

Au final, Underbelly affiche une certaine arrogance, mais ne va jamais aussi loin qu’elle le prétend. Malgré la déception inévitable face à une série que la presse ose nommée « Le Soprano australien », on peut reconnaître que dans le paysage télévisuel australien, elle a le mérite de sortir du lot. Il faut dire que le dernier blockbuster de la chaine, Sea Patrol, lancé en grande pompe quelques mois auparavant, était des plus navrants, ne montrant pas plus qu’une surenchère de moyen financier mise au service d’un scénario pauvre, mais doté de décor paradisiaque – seul véritable intérêt du show.

Ce bilan a été publié une première fois en juin 2008 dans l’emag n°2.