Pour ceux qui ont toujours connu leur internet rapide et accessible, il est peut-être difficile d’imaginer comment cela a vu le jour. Ce n’est pourtant pas une histoire si éloignée que ça de nous, puisque l’on parle des années 90.
Les anciens utilisateurs de Netscape le savent, Internet était bien différent à l’époque, mais cela ne veut pas dire que la compétition n’était pas rude. Ce n’est pas parce que personne n’arrivait vraiment à faire de l’argent avec qu’il n’y avait pas des millions de dollars en jeu. Le problème est que tout cela était très spéculatif et a abouti sur ce que l’on appelle simplement aujourd’hui l’explosion de la bulle internet.
Pour tout comprendre, il vous suffit de passer quelques heures devant Valley of the Boom, la dernière série de National Geographic.
Adoptant le format hybride de Mars, mélangeant fiction et réalité, cette mini-série en 6 épisodes nous ramène au moment où l’entreprise Netscape est entrée en bourse pour nous raconter comment la guerre des navigateurs dessina la face de l’internet, mais également comme TheGlobe.com est devenu le plus gros site aussi vite qu’il s’est écrasé et comment un escroc a vendu la révolution Pixelon qui n’a pas eu lieu.
Si ces noms ne vous disent rien, ce n’est pas grave, puisque tout est expliqué. La série scénarisée par Matthew Carnahan, le créateur d’House of Lies, est avant toute chose didactique. Un peu trop pour son propre bien d’ailleurs.
Avec un casting rassemblant Bradley Whitford, Lamorne Morris, John Karna, Oliver Cooper, Dakota Shapiro, John Murphy et Steve Zahn, Valley of the Boom avait de quoi accrocher. Néanmoins, si les acteurs ont tous l’occasion de briller à un moment ou un autre, ils sont généralement sous-employés.
Ils ne sont vraiment là que pour fournir des illustrations. La partie fiction qui use et n’a pas peur d’abuser d’effets d’écriture et de réalisation pour rendre l’histoire plus divertissante est globalement étouffée par le cadre documentaire dans laquelle elle est coincée. Les interviews des véritables James Barksdale, Marc Andreessen, Todd Krizelman, Stephan Paternot, Jim Clark, Tara Hernandez ou encore Patty Beron font plus qu’installer un contexte, elles conduisent le narratif et réduisent le travail des acteurs à n’être qu’un écho.
Matthew Carnahan parait de toute façon avoir surtout envie de rendre son show plus excentrique qu’il en a besoin. Le personnage fictionnel de Darrin Morris (Lamorne Morris) s’impose ainsi comme un narrateur omniscient qui sert de maitre de cérémonie. Un peu comme Margot Robbie qui essayait de nous expliquer la haute finance dans son bain moussant dans le film The Big Short, Darrin brise le quatrième mur pour tenter de vulgariser au maximum des situations qui n’étaient pourtant pas si compliquées au point de départ.
Cela contribue à diminuer encore plus la pertinence du travail des acteurs et de la partie scriptée du show.
Concrètement, il y avait dans Valley of the Boom une bonne mini-série et un documentaire intéressant, mais en cherchant à mixer les deux comme il l’a fait, Matthew Carnahan donne le jour à une série hybride qui n’arrive pas à captiver autant qu’elle aurait dû et qui finit par survoler une partie de son sujet à cause de tous les artifices mis en place pour l’explorer. C’est toutefois un bon point d’entrée pour ceux qui veulent découvrir à quoi le business de l’internet ressemblait le siècle dernier.
Valley of the Boom sera diffusée en France sur National Geographic sous le titre The Valley à partir du lundi 18 février à partir de 22h20.