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Séries Waco : L’histoire d’un siège pas comme les autres (sur 13ème RUE)

Waco : L’histoire d’un siège pas comme les autres (sur 13ème RUE)

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Waco serie paramount - Waco : L’histoire d’un siège pas comme les autres (sur 13ème RUE)

En plus de Manhunt : Unabomber qui revisitait l’histoire vraie de la capture d’un terroriste américain, Waco revient sur une autre page de l’histoire du FBI, une des plus controversées de l’Amérique contemporaine.

Waco chronique le siège de 51 jours qui eut lieu dans la ville du Texas après que David Koresh, leader de la faction religieuse The Branch Davidians, résista à un raid de l’ATF qui poussa le FBI à intervenir.

Composée de 6 épisodes, la mini-série développée par Drew et John Erick Dowdle multiplie les points de vue pour examiner de plus près les circonstances qui ont mené à l’issue tragique aujourd’hui inscrite dans les pages d’histoire. Dans ce procédé, ils se basent sur deux ouvrages qui représentent également les deux camps, avec leurs auteurs — Gary Noesner et David Thibodeau — consultants sur la série.

Le récit commence ainsi 9 mois plus tôt, nous introduisant à la communauté que dirige David Koresh avec l’arrivée de David Thibodeau parmi eux ; en parallèle prend place le siège de Ruby Ridge, qui n’était en fait qu’un avant-goût de ce qui était à venir.

Très vite, Waco déroule son histoire avec une volonté de ne diaboliser personne — extrémistes et modérés sont présents dans les deux camps —, mais un soin particulier est apporté à la représentation des Davidiens. Elle multiplie les portraits humains à travers l’entourage de David Koresh, pour mieux nous illustrer leurs croyances, leurs dévotions et leurs déterminations.

Surtout, la série marche sur des œufs avec David Koresh — Taylor Kitsch (Friday Night Lights) délivrant pour l’occasion l’une de ses meilleures performances. Son raisonnement est expliqué et il n’y a pas trop de doute sur le fait qu’il y croyait, alors que son don pour la persuasion et la manipulation est présenté de manière particulièrement sournoise durant une grande majorité de la série. En somme, tout est fait pour illustrer le pouvoir qu’il possédait en cherchant à représenter comment cela fonctionnait et pourquoi les gens y adhéraient.

Le portrait nuancé de la communauté des Davidiens ne se retrouve cependant pas entièrement dans les forces de l’ordre. Le négociateur Gary Noesner (le toujours impeccable Michael Shannon) représente la voix de la raison, un homme convaincu qu’une crise ne peut trouver solution en jouant à une guerre psychologique avec son interlocuteur. Il doit travailler avec Mitch Decker, qui ne partage pas du tout ses idées. Si Shea Whigham délivre tout ce qu’il peut dans un rôle ingrat, le scénario est assez intransigeant, offrant peu d’opportunités à Mitch d’être plus que l’agent borné dans ses positions.

Avec le siège qui perdure, Waco présente surtout le FBI comme une organisation obtuse qui refuse de s’adapter. La série prend finalement peu de temps pour parler de la pression psychologique que cela représente pour les forces de l’ordre — un aspect qui aurait pu être mieux exploré, au même titre que l’incompréhension face au discours religieux.

Dans tous les cas, Waco relate avec intelligence ce siège, possédant un très bon dosage du rythme et une très bonne alternance entre éléments plus intimes et développement de la tension.

Plus que de proposer un simple standoff entre les forces de l’ordre et les Davidiens, Waco revient sur la convergence des évènements qui a créé cette situation particulière pour mieux porter un regard pragmatique sur cette tragédie. Car, Waco, au fond, veut surtout faire comprendre que ce qui compte n’est pas qui a fait quoi, mais comment nous en sommes arrivés là pour que l’on puisse ensuite éviter que l’histoire ne se répète indéfiniment.


Publié une première fois en mars 2018, cet article est remis en avant à l’occasion de la diffusion française, chaque dimanche à 20h55 dès ce 28 avril sur 13ème RUE.