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Everything’s Gonna Be Okay : Pourquoi faut-il regarder la série de Josh Thomas ?

everythings gonna be okay saison 1 - Everything’s Gonna Be Okay : Pourquoi faut-il regarder la série de Josh Thomas ?

Je fus surpris qu’ici, sur Critictoo, je n’ai jamais évoqué Everything’s Gonna Be Okay. D’abord, sa saison 1 avait trouvé une belle place dans mon top sériel de l’année 2020, mais surtout, car elle émane de l’esprit de Josh Thomas qui était déjà derrière la splendide Please Like Me. Alors que la seconde saison vient tout juste de s’achever sur Freeform et que la première est disponible depuis peu en France sur BrutX (plateforme de Free), il est temps de répondre à cette question : pourquoi faut-il regarder Everything’s Gonna Be Okay ?

La série débute au moment où Nicholas, jeune homme névrosé, apprend la mort prochaine de son père. Il se voit contraint de s’occuper de ses jeunes demi-sœurs, Genevieve (Maeve Press), aspirante écrivaine de 15 ans, et Mathilda (Kayla Cromer), 17 ans et autiste. Bien qu’il n’ait jamais été particulièrement présent dans la vie des deux adolescentes, il va devoir tisser un lien avec elles, alors qu’il peine déjà à veiller sur lui-même.

Pour sa première création made in USA, Josh Thomas présente un synopsis qui n’est pas sans rappeler certaines séries familiales des années 90. On peut penser à My So-Called Life (Angela, 15 ans en VF) ou Once and Again, mais surtout Party of Five (La Vie à Cinq en VF) qui, comme Everything’s Gonna Be Okay, évoquait un grand frère tentant d’élever ses frères et sœurs après la mort de leurs parents. Cependant, dès le premier épisode, c’est autre chose qui vient assaillir le spectateur. Ce n’est pas une résurgence d’un certain esprit que propose Josh Thomas, mais une appropriation d’un genre qui rencontre ici toute la sensibilité névrotique de Please Like Me.

Ne cessant de mêler dialogues piquants et sujets sérieux, le scénariste prouve une nouvelle fois l’audace dont il peut être capable — et son aisance à trouver des angles inédits au sein de certaines thématiques acculées. Dans Everything’s Gonna Be Okay, on parle d’avenir et de passions qu’on aimerait voir devenir des métiers. On cite les plus grandes icônes gays et on déteste la vie en société. Mais surtout, on y discute d’amour, du couple et de sexualité dans le but d’en explorer toutes leurs immenses possibilités. Qu’est-ce que le consentement ? Et plus encore, qu’est-ce que le consentement quand on est autiste ? Qu’est-ce que l’amour ? Existe-t-il une seule forme de couple ? La fidélité est-elle essentielle ?

Des questionnements donc qui, mis bout à bout, viennent remettre en cause les figures imposées. Dans Everything’s Gonna Be Okay, les personnages se cherchent, ils font des erreurs, pensent désirer quelque chose sans vraiment le vouloir. Oui, ils peuvent être irritants, ils peuvent faire du mal aux autres sans même le réaliser, ils sont parfois égoïstes et injustes, mais cela ne les rend que plus humains. La série tend à montrer que, connaitre qui l’on est, ce que l’on désire et ce que l’on aime ne peut pas se faire sans abimer un peu les autres et soi-même. C’est peut-être là toute la beauté violente de l’écriture de Josh Thomas. Il sait viser juste, il capte les réalités de notre époque tout en s’autorisant, ici et là, à être envahi par une sublime tendresse.

Car oui le cœur il va se serrer quand Mathilda avouera, bourrée, qu’elle pleure souvent dans son placard, car son père lui manque. On se laissera attendrir de voir partout quelques moments d’affection entre Nicholas et son petit-ami Alex. On esquissera forcément un sourire face aux répliques un brin sarcastiques de Genevieve. Puis à la fin de l’épisode, on aura presque la larme à l’œil de voir ce même Nicholas rejoindre ses sœurs en train de dormir afin de veiller sur elle. C’est simple, mais d’une sincérité absolue.

Alors, à la question : pourquoi faut-il regarder Everything’s Gonna Be Okay ? Je pourrais répondre, parce qu’elle est une somme de petits riens qui, ainsi articuler, donne quelque chose de sensible, tendre, drôle et authentique. C’est introspectivement léger et frivolement intelligent.