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La bataille du câble payant ou comment Starz s’est imposée entre HBO et Showtime

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Seriez Starz - La bataille du câble payant ou comment Starz s’est imposée entre HBO et Showtime

On ne cesse de le dire : nous vivons à l’ère du #PeakTV et rien ne laisse supposer que cela va s’arrêter. Il y a toujours plus de séries, toujours plus de chaines produisant du contenu original. Nous sommes maintenant bien loin de ce qu’on a appelé la Révolution HBO.

Rappelez-vous : It’s not TV, it’s HBO. Le mythique slogan n’est plus. Sous la direction de Chris Albrecht, la chaine payante se sera imposée comme un leader dans le milieu de la créativité télévisuelle. Sex and The City, The Sopranos, Six Feet Under, Band of Brothers, Deadwood ou encore The Wire. Ces shows occupent des places dans les livres d’Histoire de la télévision, chacun pour des raisons différentes.

Cette révolution est finie depuis quelque temps maintenant et on peut résumer HBO à Game of Thrones et True Detective. C’est un gros raccourci, mais qui n’est pas complètement faux. La chaine du câble n’est plus ce qu’elle était et, comme d’autres, elle a des difficultés – sur un plan créatif – à tirer son épingle du jeu au sein de cette période mouvementée.

Elle n’est pas la seule, on peut en dire de même de Showtime. Celle qui était la principale concurrente de HBO continue à produire toujours plus de séries sans pour autant parvenir à reproduire son succès passé. S’il lui reste Homeland, rien n’a vraiment pris la place de shows comme Dexter ou Weeds. Showtime souffre également de son incapacité à annuler ses séries au bon moment, au point que ces dernières ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes lorsque vient le moment de leur dire adieu. Pour peu qu’on regardait encore…

Showtime s’est tout simplement fait dépasser par Starz qui a maintenant plus d’abonnés qu’elle. Celle qui est arrivée sur les radars des téléspectateurs avec Spartacus a mis plus de temps qu’escompté à trouver ses marques. Actuellement sous la direction de Chris Albrecht (oui, le même qui a fait HBO), Starz est devenue la chaine payante la plus intéressante, car la plus en phase avec son époque.

Si Netflix développe ses shows à partir d’un algorithme, Chris Albrecht a choisi de les développer en fonction d’un public cible. Il est alors question de séduire beaucoup de monde avec plusieurs séries. Spécifiquement, en s’attaquant aux téléspectateurs délaissés par les autres.

On pourrait presque y voir un coup de génie si seulement cela ne paraissait pas si naturel d’agir ainsi. Bien entendu, au-delà du public, les shows Starz possèdent des composants bien à eux. En fonction des œuvres concernée, on retrouve – avec un dosage variable – du sexe, de la violence, une représentation de la communauté LGBT (un héritage de Spartacus) et une véritable place offerte à la femme et aux minorités.

Plus que jamais, les discussions se sont multipliées au sujet de la diversité dans les séries télévisées qui se doivent de refléter la réalité du monde dans lequel nous vivons. Il y a certaines choses qui ne peuvent plus être ignorées, surtout lorsque l’offre est si riche et que le spectateur n’a que l’embarras du choix.

Sur le Cable Premium, personne ne l’a mieux compris que Starz. Avec sa poignée de séries – parmi lesquelles nous avons Black Sails, Power et Outlander –, la chaine a su se créer une identité forte tout en ne s’attachant pas qu’à un seul type de séries. Elle préfère s’adresser spécifiquement à quelqu’un en lui fournissant ce que l’on ne trouve pas forcément ailleurs.

La preuve encore avec cette saison 2015-2016 où Starz aura lancé trois séries : Blunt Talk, comédie de bureau absurde avec Patrick Stewart ; Ash Vs. Evil Dead, comédie horrifique avec Bruce Campbell et suite des films culte de Sam Raimi ; et The Girlfriend Experience, drama sensuel inspiré par le long-métrage au titre éponyme de Soderbergh. La chaine se prépare pour 2017 à diffuser American Gods, l’adaptation du roman de fantasy de Neil Gaiman.

Si le premium cable s’est bâti une réputation sur la liberté créative offerte aux scénaristes, il est difficile de ne pas retrouver un peu de l’âme de l’ancien HBO dans le Starz d’aujourd’hui ; sans ignorer qu’il y a assurément des contraintes, des risques semblent être pris pour délivrer des séries ayant le potentiel de combler un vide pour le téléspectateur et de dépasser les attentes.

À ce stade, la saison qui vient de s’écouler ressemblait plus pour Starz à une qui avait pour but de consolider encore plus ce qui a été construit au cours des années précédentes pour avoir la possibilité de passer à l’étape suivante. Celle-ci vient d’être annoncée, la chaine ayant décidé de déplacer ses séries du samedi au dimanche soir, connu pour être une soirée prestigieuse pour les shows du câble. La concurrence est plus importante, mais cela fournit aussi une visibilité qu’il était quasi impossible d’obtenir un vendredi ou un samedi.

Si Starz fait face à son nouveau challenge pour continuer à évoluer, HBO est sans aucun doute à un autre tournant de son histoire, sentiment exacerbé par l’annonce du départ de Michael Lombardo (qui avait pris la suite d’Albrecht) à la tête des programmes. Game of Thrones est plus proche de sa fin que de son début. The Leftovers s’achève la saison prochaine, tout comme Girls. Vinyl était son nouvel ambitieux drama de la saison qui n’a pas obtenu le succès escompté. Il n’y avait pas de True Detective (et son retour est incertain). Elle sait néanmoins encore créer l’évènement (The Night Of pourrait être celui de l’été), mais elle n’est plus celle qui mène la révolution. Showtime n’aura quant à elle jamais vraiment réussi à la faire.

On vit à une époque où l’on croule sous les séries. Nous n’avons que l’embarras du choix, ce qui fait qu’il est plus nécessaire qu’avant de produire des shows qui se démarquent, mais toujours aussi compliqué de le faire. HBO a façonné la télévision d’aujourd’hui, mais échoue actuellement à redéfinir le câble payant et ce qu’on peut trouver sur le petit écran. Starz se charge de le faire, s’inscrivant plus naturellement dans la révolution télévisuelle du moment, qui prend place sur le câble basique…