Jamais personne ne dira que Mad Men a été un hit. Même lors de sa dernière saison, là où Breaking Bad a fini par véritablement exploser, la création de Matthew Weiner ne rassemblait qu’un public relativement confidentiel.
Être une petite série n’a jamais empêché Mad Men de faire parler d’elle et de s’affirmer comme étant un des shows les plus influents de son temps. Cela n’a pas non plus interdit à Don Draper (Jon Hamm) de devenir une icône de la pop culture. Surtout, cela ne tua pas les ambitions d’AMC dans le domaine de la série.
Lancée en juillet 2007, Mad Men est la première série dramatique originale de la chaine. Avant cela, AMC était — et reste — spécialisée dans le cinéma. Depuis 1984, celle qui se nomme tout de même American Movie Classics proposait donc principalement des vieux films. Graduellement, la chaine élargit sa présence et sa capacité de programmation. Elle est devenue plus ambitieuse. Dès 1996, elle se lançait dans la série avec Remember WENN, une comédie prenant place dans une station de radio à Pittsburgh avant et pendant la Seconde Guerre mondiale.
AMC poursuivit avec The Lot, une autre comédie nostalgique sur un studio (fictionnel) de cinéma dans les années 30. Après deux saisons, elle s’arrêta en 2001.
L’année suivante, la chaine se réinventa avec un rebranding conséquent qui l’éloigna du cinéma classique pour élargir ses horizons avec des films de toutes les époques. American Movie Classics devint officiellement AMC. Peu après, la programmation s’étendit du côté de la Real TV, mais cela ne mena pas loin.
Il faut alors patienter jusqu’à 2006 avec la mini-série en 2 parties Broken Trail réalisée par Walter Hill avec Robert Duvall pour voir un retour vers de la fiction scriptée. Ce western trouvait une place naturelle sur la grille de la chaine qui a développé un public pour le genre.
D’une certaine manière, quand Mad Men fit ses débuts l’année suivante, elle était également bien à sa place. Une fois de plus, il était question de repartir dans le passé — dans les années 60 cette fois — avec une pointe de nostalgie. Cela dit, la qualité de l’écriture de Matthew Weiner fit de la première série dramatique de la chaine ce que ces précédents essais n’avaient pas pu accomplir. Elle fit d’AMC une joueuse sérieuse dans le domaine et les Emmy Awards l’ont confirmé sans tarder.
Si Breaking Bad a rapidement suivi, bien qu’elle fut handicapée par la grève des scénaristes, Mad Men était la première et c’est à elle qu’incombait la responsabilité de poser un standard. Celui-ci était d’ailleurs probablement trop élevé, car la chaine n’a pas mis longtemps à prouver qu’il était difficile de le maintenir. Cela dit, garder Don Draper sur son antenne pendant 7 saisons — et avec l’aide de Walter White — a permis à AMC de se bâtir une bonne réputation et de trouver d’autres succès.
Aujourd’hui, on célèbre donc les 10 ans de Mad Men et c’est à présent The Walking Dead le porte-étendard d’AMC. Si l’ombre de sa première série plane encore, elle s’est assez dissipée pour que l’on n’attende plus la qualité des débuts. D’ailleurs, l’annonce d’une nouveauté n’est plus accueillie sans réserve, en particulier après des shows comme Low Winter Sun ou encore Feed The Beast.
L’héritage de la série de Matthew Weiner se trouve un peu partout, mais plus réellement sur la chaine qui lui a permis d’exister. D’ici peu, cette capsule temporelle qui nous ramenait un demi-siècle en arrière deviendra une capsule temporelle d’un autre genre, une qui nous rappellera où en était la télévision américaine et vers où elle se dirigeait en 2007.
