Il y a encore quelques mois, la chaine WGN America tentait de se trouver une identité. Depuis, elle a été rachetée, ses séries ont été annulées et elle n’a jamais pu prouver sa valeur. Pourtant, le peu de temps qu’elle consacra à la création de séries ne fut pas vain. Au contraire, puisqu’elle donna le jour à des shows intéressants, dont Manhattan — la plus brillante d’entre elles, mais naturellement la plus discrète également.
Créée par Sam Shaw que l’on retrouvera d’ici sur Castle Rock, Manhattan est une série historique qui nous ramène sur le sol américain durant la Seconde Guerre mondiale pour nous parler du fameux projet qui donne son nom au show.
Tout débute alors en 1943, derrière les barbelés au milieu du Nouveau-Mexique. Les scientifiques travaillant à Los Alamos ont pour mission de changer le cours de la guerre. Frank Winter (John Benjamin Hickey) est persuadé que cela se fera par l’implosion, mais seuls ceux de son équipe croient en lui et ils se retrouvent rapidement isolés alors que la paranoïa se propage à tous les niveaux.
Si vous ne connaissez pas Manhattan, voici quelques bonnes raisons de rectifier cela :
Une série sur le passé qui parle du présent
C’est un peu un cliché à ce niveau, mais les séries historiques sont souvent là pour nous parler de notre présent. L’Histoire est un éternel recommencement et Manhattan ne fait que le prouver. La menace nazie n’est plus, la Seconde Guerre mondiale a été gagnée, mais certaines peurs restent intactes, puisant leurs origines dans des contextes qui diffèrent pour un résultat identique.
Le prix de la paix
La série suit des génies en compétition pour créer l’arme ultime, la bombe atomique. Pour eux, c’est un mal pour un bien, la réponse à tous les problèmes de l’humanité passera par la destruction massive. La logique parait bancale, mais la série explore comment ces hommes ont pu la suivre.
Manhattan nous offre ainsi un panel de protagonistes complexes qui luttent quotidiennement pour continuer à avancer. Ils doivent sacrifier une partie d’eux-mêmes et en embrasser une autre pour accepter que le résultat de leur travail doit redessiner la face du Monde. Ils donnent naissance à un monstre et apprennent à vivre avec.
La force narrative de la paranoïa
Si Manhattan nous propose d’explorer la folie des hommes, elle est également et avant toute chose un savant mélange entre le thriller d’espionnage et le drame humain.
Los Alamos est un véritable microcosme dans lequel germe aussi bien la paranoïa que la folie des grandeurs, ce qui donne naissance à un environnement unique où tout peut si facilement être observé au microscope. Dès lors, plus les épisodes passent et plus la série se transforme en une véritable étude de la cellule familiale et des amitiés professionnelles et personnelles.
Un ensemble show
Si Frank Winter et son collègue/ennemi Dr. Charlie Isaacs (Ashley Zukerman) sont le point central de Manhattan, la série offre un large panel de personnages, des familles des scientifiques aux militaires qui les encadrent. On peut d’ailleurs retrouver William Petersen dans son premier rôle à la télévision depuis son départ de Les Experts qui incarne un colonel intransigeant, mais aussi Richard Schiff en chasseur d’espions.
Une absence de nostalgie
Pour terminer, il ne faudrait pas passer à côté d’un élément qui sépare Manhattan du reste. C’est une série historique qui explore le passé de l’Amérique sans une pointe de nostalgie et avec un regard critique. Contrairement à ce que l’on aimerait croire, ce n’est pas très commun comme approche.
On sait comment Manhattan se termine, la bombe sera construite. La série se propose donc de nous livrer le portrait de scientifiques, de militaires et de leurs proches sous la forme d’un thriller pour chercher à comprendre ce qui a bien pu mener à autant de destruction. C’est une histoire fascinante à suivre et intelligente.
Pour ceux qui regardent Counterpart, on notera que plusieurs acteurs de Manhattan s’y retrouvent (Harry Loyd, Olivia Williams, Richard Schiff).