Chaque saison apporte son lot de nouveautés et de retour sur le petit écran et les plateformes de streaming, et l’été ne fut pas une exception. Loin de là, vu que le COVID a repoussé des diffusions qui se sont poursuivis durant cette période (à l’image de plusieurs séries super-héroiques de la CW).
Alors que la cérémonie des Emmy Awards a lieu ce week-end et qu’une nouvelle saison automnale commence sur les networks américains, c’est donc le moment opportun pour revenir sur la période estivale qui vient de s’écouler.
Les membres de la rédaction ont donc choisi des programmes qui ont marqué la période pour eux, du thriller psychologique à la comédie expérimentale en passant par la série judiciaire et documentaire.
Ci-dessous, voici ainsi 8 séries qui ont marquées notre été et valent le coup d’oeil, selon nous :
The Chair (Saison 1, Netflix)
The Chair était très attendue, mais n’en est pas moins une bonne surprise. Dramédie toute en finesse, la série raconte l’arrivée à la tête du département de littérature d’une fac américaine, de Ji-Yoon Kim interprétée par Sandra Oh (Grey’s Anatomy, Killing Eve). La nouvelle directrice est là pour moderniser un département poussiéreux où les professeurs sont de plus en plus en décalage avec leurs étudiants, mais elle va se retrouver coincée entre les politiques internes, les conflits d’intérêts et une ambiance générale qui pousse au funambulisme car chaque décision semble toujours heurter la sensibilité de quelqu’un. Cette comédie humaine aux personnages attachants arrive à trouver le juste équilibre entre un humour intelligent et des sujets de sociétés abordés subtilement. Le tout en évitant l’écueil du snobisme ou de s’adresser à un public de niche. On regrette que la série ne dure que 6 épisodes ! – Aline
Evil (Saison 2, Paramount+)
Elle s’est faite attendre mais Evil est revenue avec une seconde saison encore plus folle, dérangeante et maîtrisée que la première. Que ce soit la descente aux enfers de Kristen ou la crise de foi de David, la série navigue dans des eaux toujours plus troubles, n’hésitant à aucun moment à rendre ses personnages antipathiques puis profondément touchants. Mais ce qui étonne et fait d’Evil une oeuvre complexe, c’est d’avoir déconstruit la formule à la X-Files en renversant son postulat : la vérité n’est plus ailleurs, elle est là, sous leur nez et c’est le réel qui est challengé. La série installe toujours intelligemment un doute mais rentre plus que jamais dans une mythologie religieuse aussi rafraîchissante que pertinente. La meilleure série à l’antenne, selon moi. – Maxime
The Good Fight (Saison 5, Paramount+)
Et un doublé ! Si les King sont omniprésents cette année (The Bite étant leur troisième production), ils ne renient jamais sur la qualité et prouvent qu’ils sont les maîtres. Avec cette cinquième saison, The Good Fight décortique l’ère post-Trump. Elle reboote son univers avec Biden aux commandes et Marisa qui devient avocate et assistante d’un faux juge mais qui pose de vraies questions et problèmes. La série tape fort et juste, montrant que ce n’est pas gagné et que la société est profondément fracturée, même au niveau de Diane et Liz qui font face à un combat des discriminations. Il n’y a rien de plus jouissif qu’une écriture qui joue avec l’absurdité pour révéler les aspérités de notre monde. Bref, les King sont définitivement les MVP de l’année – Maxime
Kevin Can F**k Himself (Saison 1, AMC)
Disponible en France sur Amazon Prime Video.
De nos jours, peu de séries expérimentent avec la forme, la majorité cherchant à avoir l’air cinématique avant tout. Kevin Can F**k Himself est ainsi une véritable exception avec son mélange des codes de la sitcom multicaméra et du drame, mais c’est surtout avec l’histoire d’Allison (Annie Murphy) qui veut tuer son mari psychologiquement abusif pour regagner sa liberté qu’elle se montre pertinente. Elle a quelque chose à dire, le fait en prenant des risques et en développant une solide histoire d’amitié — entre Allison et sa voisine Patty (Mary Hollis Inboden) — qui devient progressivement sa force première. Le résultat est quelque peu irrégulier dans les débuts, mais comme toutes bonnes séries, Kevin Can F**k Himself parvient à trouver sa voix avec ses personnages et ce qu’elle a à dire, ce qui lui permet de démontrer son intérêt, d’être honnêtement divertissante et de dépasser les attentes. En plus, elle a été renouvelée pour une saison 2. – Fabien
McCartney 3,2,1 (Hulu)
Disponible en France sur Disney+.
McCartney 3, 2, 1 est une série documentaire minimaliste mettant en scène Paul McCartney et le producteur Rick Rubin (Adele, Lana Del Rey, Beastie Boys). Durant 6 épisodes les deux bonshommes vont revenir sur la carrière de Macca, évidemment avec les Beatles, mais aussi avec les Wings et puis en solo. Et c’est passionnant. Il y a quelque chose de follement exaltant et profondément émouvant dans McCartney 3, 2, 1 . Le fait d’y observer une légende de la musique remonter le temps, retripatouiller ses airs et réanimer les souvenirs, s’y perdre, s’en surprendre, encore, s’en émouvoir, toujours. – Thibaut
Mixte (Saison 1, Amazon Prime Video)
Après la piteuse Deutsch-Les-Landes, Amazon Prime Video a proposé au début de l’été sa nouvelle création française : Mixte. Une série de Marie Roussin (Les Bracelets Rouges) qui nous replonge dans l’année 1963. Plus précisément au sein du Lycée Voltaire, jusqu’alors réservé aux garçons, qui accueille des filles pour la première fois. Sur une tonalité aussi légère qu’un tube yéyé, Mixte est un pur teen show en cela qu’il montre l’éveil des désirs et le palpitement des cœurs. Cependant, la série évoque des sujets bien plus délicats, on parle ici du sexisme ordinaire et du racisme décomplexé, de l’homosexualité des placards et de l’étouffement du conservatisme. Mixte tient a souligner que les années DeGaulle ne sont pas vraiment en adéquation avec cette phrase : c’était mieux avant. – Thibaut
The North Water (AMC+)
Après le succès de The Terror, AMC+ et BBC Two nous invitent à vivre une nouvelle expédition dans le froid de l’Arctique dans l’adaptation de The North Water (Dans les eaux du Grand Nord). Celle-ci est dénuée d’éléments fantastiques, mais pas de réflexion sur la nature humaine. Lorsque l’ancien chirurgien Patrick Sumner embarque sur un baleinier pour fuir son passé, celui-ci ignore qu’il se lance dans un dangereux périple qui va le placer face au pire de la nature humaine. La caméra d’Andrew Haigh chasse avant tout le barbarisme humain, la corruption et l’emprisonnement social au beau milieu d’une nature froide, sublime et libre. La confrontation entre les personnages incarnés par Jack O’Connell et Colin Farrell apportent la tension nécessaire à une œuvre qui, oui, souffre légèrement de la comparaison avec The Terror, mais vaut le détour pour les performances, ses décors et sa réflexion sur le rapport entre l’homme, la violence et la société. – Carole
Small Town News KPVM Pahrump (HBO)
Imaginez Parks & Recreation dans une station de télévision locale en plein cœur du Nevada, à 100 bornes de Las Vegas. C’est en gros ce qu’est Small Town News KPVM Pahrump, une mini-série documentaire de HBO qui nous entraine auprès du personnel haut en couleur de la station KPVM et des habitants légèrement excentriques (beaucoup pour certains) de Pahrump. L’ambiance est telle qu’il est difficile au premier abord de se souvenir que l’on ne regarde pas un mockumentaire. Il y a donc de quoi rire, mais aussi quelques moments forts, la saison couvrant la crise sanitaire et les élections présidentielles. Tout est néanmoins abordé avec un ton décalé qui vient naturellement aux habitants de Pahrump, un petit coin d’Amérique comme il ne semble en exister que dans les sitcoms… et pourtant, tout ceci est bien réel, étrangement captivant et indéniablement divertissant. – Fabien