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The Sopranos, la série qui changea la télévision il y a 20 ans

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The Sopranos Tony Melfi - The Sopranos, la série qui changea la télévision il y a 20 ans

On ne cesse aujourd’hui de parler du Peak TV, de l’âge d’or des séries, de l’ère des antihéros et autres titres génériques tentant de vendre le fait que la production télévisuelle est en plein boom. Si l’on devait chercher le moment où tout cela commença, on pourrait simplement revenir 20 ans en arrière, le 10 janvier 1999, quand The Sopranos fit ses débuts sur HBO.

De sa première à sa dernière image, The Sopranos bouscula les spectateurs et fit couler de l’encre. Le show de David Chase captiva et changea la manière dont les séries sont perçues, discutées et surtout écrites et produites. Imitée à outrance, que ce soit dans le fond ou la forme, on retrouve un bout de l’ADN de la série dans presque tout ce qui a suivi au point qu’il n’est pas vraiment surprenant que ceux qui découvrent la vie de Tony Soprano aujourd’hui ne puissent pas saisir toute l’importance de son impact, car l’innovation qu’elle apporta est juste devenue la norme, à un certain degré.

C’était donc janvier 1999 et la télévision américaine allait évoluer d’une manière inattendue. Il faut dire que les changements se font souvent ainsi dans l’industrie. Ils arrivent de là où l’on ne les attend pas, c’est à dire par HBO — dans le cas présent. À l’époque, la chaine payante du câble américain commençait à faire du bruit avec notamment Sex & The City, mais il y avait de la distance à parcourir avant qu’elle ne devienne l’autorité qu’elle est désormais dans le domaine des séries TV.

Woke Up This Morning…

L’histoire de la conception de The Sopranos a été maintes fois racontée, tout comme tout ce qui pouvait entourer chaque partie de la série. Ses 86 épisodes étalés sur 6 saisons furent inspectés au microscope, car c’est ce qui se passe avec n’importe quel succès de cette ampleur, comprendre ce qui le fait fonctionner pour mieux le copier est un processus naturel. Cela dit, personne n’a vraiment réussi à capturer ce qui avait fait de la série de David Chase cet objet culturel à part qui posa les bases d’un renouveau créatif télévisuel. Elle était imitable, mais est restée unique dans son genre, étant née dans des circonstances qui l’étaient également et s’imposant dès le départ comme étant une œuvre personnelle pour son créateur.

Néanmoins, pour véritablement saisir cela, il est nécessaire de replacer le show dans son époque pour avoir le recul adéquat afin de pouvoir réellement mesurer pourquoi il y a eu un « après » The Sopranos, comme il y a eu – par exemple — un après Hill Street Blues.

L’impact culturel majeur de la série justifie toujours amplement pourquoi n’importe quel sériephile qui se respecte ne peut consciemment pas passer à côté. Qu’on l’aime ou non, l’avoir vu permet de mieux apprécier les séries qui ont suivi et qui lui doivent toutes au moins un petit quelque chose.

Ce n’est cependant pas la seule chose qui explique que l’on puisse encore avoir envie aujourd’hui de s’investir dans la vie de Tony Soprano. Ce mafieux qui se retrouve victime de crises d’angoisse et qui se met alors à suivre une thérapie n’était pas simplement là pour nous entrainer dans une nouvelle version de The Godfather. Elle voulait nous parler à sa façon du déclin du rêve américain au tournant du millénaire et de cette Amérique qui se métamorphosait et cherchait pourtant à rester accrocher aux valeurs qui la définissaient. C’est aussi et surtout l’histoire d’un homme compliqué et violent qui évoluait dans un monde à son image.

Avec son humour noir, son occasionnel penchant pour le surréalisme, sa nostalgie sous-jacente, ses personnages hauts en couleur et sa réalisation léchée, The Sopranos est créativement riche et imposa ainsi immédiatement sa personnalité, en particulier grâce au désormais regretté James Gandolfini. Si le casting est indéniablement l’un des plus talentueux assemblés dans une série à ce jour, l’interprète de Tony Soprano a trouvé ici le rôle de sa carrière et donna vie aux mots de David Chase avec un naturel effrayant qui en est venu à définir la tonalité du show.

Il est difficile de réaliser que 20 années se sont écoulées depuis cette première incursion dans le monde des mafieux du New Jersey. Il y avait de bonnes séries avant The Sopranos et il y en a eu après, mais la définition de la télévision de qualité a simplement été réécrite par David Chase qui posa non seulement un nouveau standard, mais qui nous offrit un voyage assez compliqué, violent, tragicomique et humain aux côtés d’un mafieux qu’il aurait été trop facile de détester.