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Skins – Franky (6.04)

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skins 604 - Skins - Franky (6.04)

Franky va mal et est incapable de se concentrer avant un examen important. Ses amis l’évitent, ses parents l’étouffent, ce qui a pour conséquence de l’entraîner dans les bras de Luke.

Cette semaine, Skins nous entraîne dans l’univers de la violence, la vraie. Celle qui cogne, qui saigne, qui fait mal, bref qui n’est jolie à voir. Un sujet difficile à traiter, pour peu qu’on ne veuille pas céder au racolage. Ainsi, Franky, culpabilisant pour la mort de Grace, tombe dans les bras de Luke (alias le suppôt de Satan). Elle le suis dans son monde sombre et brutal, où une bagarre dans un pub est l’équivalent d’aller acheter une baguette de pain.

Le résultat est pour le moins perturbant et ne laissera personne indifférent. En traitant d’un sujet aussi délicat que la violence extrême « juste pour le fun », Skins s’était lancé un défi de taille. Il y a du bon et du moins bon, mais on ne peut en tout cas pas reprocher à l’équipe créatrice de jouer la facilité.

Ni d’être prévisible d’ailleurs. En effet, qui aurait imaginé Franky, l’ado mal dans sa peau, se battre dans des bars glauques à coups de battes de baseball ? Le postulat de départ est inattendu, peut-être un peu trop d’ailleurs. À vouloir jouer la carte de la surprise, les scénaristes traitent la continuité et la psychologie du personnage avec un certain laxisme. Tout aussi sortie de nulle part était la déclaration d’amour de Nick pour Franky : on a dû manquer un épisode.

Plaisanterie à part, l’état de deuil profond de la jeune femme peut justifier un comportement aussi radical. On peut également évoquer son lavage de cerveau, entre deux saisons. Car à plusieurs moments on reconnaît la Franky que l’on a rencontrée (sic) dans le Everyone (6.01) : sûre d’elle, ayant du répondant, volage, etc. Cette attitude à fleur de peau est ici poussée à l’extrême, ce qui donne des passages très intenses. Un grand coup de chapeau à Dakota Blue Richards et son interprétation bluffante d’un bout à l’autre !

La série traite ici la violence comme une drogue, dans le sens où elle a des effets euphorisants, anesthésiants et addictifs. Comme les drogués, Franky tombe dans ce cercle vicieux et peine à s’en extirper. Toute l’ambiguïté de l’épisode vient alors du fait que la violence n’est pas une drogue au sens strict du terme. La question est alors de savoir qu’elle est la part de responsabilité de Franky dans ses actions. Par conséquent, les sentiments du spectateur sont en permanence chamboulés : Franky est-elle à plaindre ou à condamner ? Est-elle une vraie victime ou une victime consentante ?

Toutes ses interrogations donnent lieu à certaines des scènes les plus dures et les plus dérangeantes de la série. Je pense en particulier à cette scène de sexe, dont on ne saurait dire s’il s’agit d’un viol ou de soumission volontaire. Mais il y a aussi le moment où Nick se fait tabasser par Luke et que Franky semble y trouver du plaisir.

Outre cette relation abusive avec Luke la vermine, l’épisode explore aussi la vie familiale de la jeune fille. Le sujet de l’adoption est ici traité avec tact et subtilité, et c’est presque dommage que cela n’est pas obtenu plus de temps d’antenne, tellement c’était bien dosé. Il faut croire que les scénaristes savent ne pas abuser des bonnes choses, puisque les apparitions de Grace étaient juste assez sporadiques pour ne pas tomber dans le gimmick.

En conclusion, Franky divisera à coup sûr l’opinion et c’est ce qui fait toute sa force. Skins n’est pas une série consensuelle, même si la troisième génération a peiné à s’imposer jusque-là. Le résultat trouve tout son intérêt dans son ambiguïté, qui nous fait questionner ce que l’on peut accepter comme violence faite par / envers les personnages.