Voici maintenant 20 ans que Ulysse a disparu en mer. Pénélope et son fils Télémaque se battent pour conserver l’espoir de son retour et la place qui lui est due sur le trône. Mais sans un roi, Ithaque court à sa perte. Et si Ulysse ne rejoint pas rapidement les côtes, il pourrait bien n’avoir plus aucun royaume pour accueillir le récit de son Odyssée.
Odysseus, création franco-italo-portuguaise, coproduite par la chaine Arte, nous propulse dans une libre adaptation des dernières aventures d’Ulysse. L’odyssée est ici bien loin, puisque la série en 12 épisodes se concentre sur le royaume d’Ithaque et les destins de la famille d’Ulysse, déchirée entre le deuil et l’espoir.
Loin des sirènes et autres cyclopes, l’histoire débute sur l’île d’Ithaque, où la reine Pénélope se bat pour conserver le trône. Les prétendants, soit un groupe de guerriers mené par Léocrite qui a servi pendant la bataille de Troie, mettent tout en œuvre pour renverser le pouvoir actuel et rapporter la prospérité et la paix sur Ithaque. Face à leurs manigances, Pénélope ainsi que son fils Télémaque auront bien dû mal à conserver l’espoir qui les habite et les choix qu’ils devront faire pour protéger le royaume pourraient bien ne pas être en accord avec leur amour pour Ulysse.
Dès les premiers épisodes, Odysseus nous plonge dans un univers sombre, très éloigné de la conception fabuleuse qu’il était possible de se faire des aventures d’Ulysse. Ici, il n’y a aucun héros. Il y a seulement l’histoire d’hommes et de femmes animés par le désir de vivre en paix et d’oublier celui que tout le monde attend. La reconstitution des mœurs d’une cité grecque est ici proche du sans-faute, avec son exposition du culte aux dieux, de l’esclavage ou des relations entre les différentes classes d’habitants. La décrépitude de la cité d’Ithaque, face à la beauté des paysages qui l’entourent, est servie par des décors naturels somptueux ; bien que certaines textures et autres effets viendront par instant faire sauter notre rétine, tout est bien présent pour nous inclure dans le voyage.
Mais pour profiter pleinement de cette libre adaptation, c’est bel et bien du côté des personnages qu’il faudra se tourner. Avec une reine Pénélope (Caterina Murino) et un Télémaque (Niels Schneider) au meilleur de leur forme, il est impossible de ne pas se soucier tout comme eux de l’avenir d’Ithaque. Les différentes manigances qui viendront leur mettre des bâtons dans les roues ne pourront que nous surprendre et quand bien même il aurait été possible de les prévoir, les surprises que leur réserve le destin prennent rapidement des proportions épiques. Il est alors dommage que certains personnages ne parviennent jamais à avoir un développement logique quant au reste de l’intrigue. En particulier Cléa (Karine Testa), jeune esclave dont l’histoire d’amour n’atteint jamais la portée qu’elle devrait obtenir.
Néanmoins, Odysseus prend un tout nouveau virage dans sa deuxième moitié de saison, réintroduisant des éléments inattendus et propulsant véritablement l’histoire vers une logique tragédie grecque. Les espoirs de Pénélope obtiendront une réponse qui ne sera pas forcément celle que tout le monde attendait. C’est dans cette dernière ligne droite que le personnage de Télémaque, fils d’Ulysse, prendra toute son importance, se révélant être le véritable héros de cette nouvelle Odyssée.
Quoi qu’il en soit, bien que cette nouvelle histoire diffère des récits d’Homère, elle n’en reste pas moins digne du mythe qu’elle met à l’honneur. Odysseus permet de se pencher sur ceux, que le temps a bafoué mais surtout d’apporter une conclusion tout à fait logique et humaine aux légendes d’Ithaque. Un divertissement surprenant, en somme, qu’il sera plaisant de suivre jusque dans ses dernières minutes.