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Black-ish : Une famille bien à sa place sur ABC

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Pour compléter sa soirée de comédies familiales du mercredi soir, ABC a enfin abandonné l’idée de diffuser autre chose qu’une comédie familiale. Un choix judicieux qui permet donc naturellement à Black-ish d’être à sa place et de trouver son public à la suite de Modern Family. De plus, après les Heck perdus au milieu du milieu, les Goldbergs coincés dans les années 80 et les Prichett/Dunphy recomposés et en surnombre, les Johnson apportent littéralement de la couleur. Toutes les bases sont couvertes à présent, pourrait-on dire.

Au bout du compte, il est de toute façon question de parler de la famille moderne, comme l’on fait toutes les comédies familiales depuis qu’il en existe. A chaque génération sa sitcom qui reflète un idéal ou se propose d’être plus réaliste. Black-ish navigue clairement entre les deux en voulant explorer des challenges surmontés par les Afro-Américains dans l’Amérique d’Obama tout en nous servant le portrait d’une famille trop belle pour être vraie.

Cela va avec le genre, c’est certain, même si quelques exceptions ont justement imposé leur style en allant à contre-courant, mais ABC n’est pas une chaine qui cherche à faire du subversif. Tout est alors bien propre et policé, malgré le fait que Kenya Barris, la créatrice du show, nous propose d’aborder des sujets qui pourraient être plus controversés vis-à-vis des problèmes de racisme aux États-Unis.

C’est donc quelque chose de récurrent dans les premiers épisodes de la série, mais c’est surtout utilisé comme étant un accessoire comique, Dre devant accepter de digérer les clichés pour entretenir une forme de statu quo dans son travail. D’ailleurs, il a beau faire remarquer à certains de ses collègues qu’ils voient le monde à travers des stéréotypes ridicules, il lui arrive de réaliser que certains ne sont peut-être pas aussi inappropriés qu’il le pensait.

En dépit de ça, une part de l’histoire de Black-ish repose sur le fait qu’il y a énormément de personnes qui sont animées par des préjudices dont ils ne reconnaissent pas vraiment l’existence. Ainsi, quand la série nous rejoue un classique avec une inversion de rôle dans le couple parental, Dre devant faire le travail de sa femme, Rainbow, à la maison et avec les enfants, on se retrouve avec un épisode qui nous sert de la misogynie à grosse louche, mais rien n’est fait pour le pointer du doigt. Ce n’était pas le but de l’histoire, mais il est certain que cela étoffe le propos sans prendre trop de risques. D’un autre côté, on pourrait alors dénoncer une timidité regrettable de la part des scénaristes qui avaient l’opportunité de faire plus que quelques blagues.

C’est globalement de cette façon que l’on pourrait définir Black-ish à ce stade. La famille est attachante, les acteurs ont un bon timing comique et trouvent leurs marques, tous comme l’équipe créative qui commence à élargir doucement l’univers du show. Il y a de quoi tenir la distance, mais l’intérêt du point de départ est fortement diminué par le fait que la série flirte avec des thématiques pouvant être controversées, mais cela ne va pas plus loin. Le résultat ressemble alors à une autre comédie familiale ABC qui n’est pas là pour faire des vagues.

Au mieux, Black-ish parait pouvoir s’inscrire sans problème dans la continuité de celles qui la précèdent. Elle livrera sans doute comme The Middle des épisodes qui vont régulièrement faire état de certaines réalités tout en cherchant, comme The Goldbergs, à explorer un contraste avec une époque révolue pour parler d’évolution afin de, finalement, suivre Modern Family dans sa banalisation des différences pour mieux servir de l’humour universel.

En tout cas, pour le moment, Black-ish fait rire et n’est pas pleinement stupide, ce qui est un bon début étant donné ses ambitions.