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Séries Roadies : Un petit tour dans les coulisses (Pilote)

Roadies : Un petit tour dans les coulisses (Pilote)

Roadies Saison 1 Episode 1 - Roadies : Un petit tour dans les coulisses (Pilote)

L’amour de Cameron Crowe pour la musique a été assez bien documenté – par lui-même – jusqu’ici. Il n’est donc pas trop surprenant que sa première série nous entraine dans cet univers. Néanmoins, puisque l’amour de Martin Scorsese pour la musique nous a donné Vinyl, l’arrivée de Roadies sur Showtime se fait avec des réserves.

Comme le titre l’indique, l’histoire n’est pas au sujet d’un groupe ou d’un artiste particulier, mais à propos de l’équipe qui gère la tournée. Des managers aux techniciens, l’idée est de nous montrer l’envers du décor.

Roadies nous introduit donc à une famille improvisée et soudée qui vit pour le groupe qu’elle accompagne, mais qui aurait tout de même bien besoin d’une augmentation de salaire. Le pilote tente en effet — sans succès — de rester un minimum connecté avec la réalité sur les conditions de vie et de travail de ses hommes et femmes de l’ombre. L’effort est louable, mais on nous noie tout cela dans de réguliers apartés pour discuter de la passion qui anime tout le monde.

La finalité est visiblement de chercher à trouver un point d’entrée dans ce petit univers qui se révèle être très exclusif, étant réservé à un type assez particulier de personnes. Cependant, l’approche nous sert une vision baignée dans un romantisme limitatif. Déclarer son amour pour la musique est une chose, en faire une prérogative pour tout les roadies en est une autre.

En dépit de cela, les coulisses du concert prennent vie d’une façon à devenir un monde à part dans lequel nous sommes invités en tant que spectateurs. Par contre, comme le personnage interprété par Rafe Spall (le financier Reg Whitehead) le découvre, il est préférable de ne pas se faire entendre quand on est un outsider.

La mécanique est en apparence assez bien huilée et personne ne veut qu’elle change. C’est pourtant ce qui se produit et Roadies se proposera surement de nous dépeindre comment tout cela va évoluer, même si on ne nous donne pas réellement une idée précise de ce qui est en jeu.

Cameron Crowe échoue en effet à établir réellement ce dont la série doit concrètement nous parler. Le souci est que le pilote s’articule autour de l’électricienne Kelly Ann (Imogen Poots – Filth) qui compte quitter la tournée. On la voit donc chercher une raison de ne pas s’en aller, tout en tentant de se convaincre elle-même de partir. Le fait que l’on devine dès le départ qu’elle restera fait que l’utiliser comme un moteur narratif impose des limitations. Une fois que son histoire est bouclée, qu’elle a pris sa décision finale, que reste-t-il ?

Ce premier épisode de Roadies ne fournit pas une réponse à cette question. Il n’y a pas réellement grand-chose de séduisant à l’idée de suivre chaque semaine cette équipe installer une scène dans une autre salle, dans une autre ville. L’approche apparait être limitée de ce point de vue, mais il est clair que si l’on sort de cette routine, il y a des options qui peuvent être assez prometteuses à explorer.

Au-delà du concept, le show a tout de même le mérite de pouvoir compter sur un casting enthousiaste pour fournir le divertissement. Luke Wilson est d’ailleurs plutôt en forme et, si on passe quelques figures qui l’entourent et qui paraissent forcer l’excentricité sans raison, il y a des dynamiques qui ne sont pas dénuées de potentiel, notamment avec Carla Gugino.

Concrètement, Roadies n’a clairement pas une base assez solide pour que Cameron Crowe en fasse un film, mais il pouvait visiblement en faire une série. Du moins, s’il ne tarde pas à combler quelques lacunes un peu handicapantes et qu’il essaie d’être un peu moins aveuglé par son amour de la musique. Certes, cela donne une bonne soundtrack, mais ce sont les personnages qui font le show ici et s’ils restent unidimensionnels, il ne risque pas d’y avoir grand-chose à en retirer au bout du compte.