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Sense8 Saison 1 : à l’ère du toi connecté

Sense8 Saison 1 - Sense8 Saison 1 : à l’ère du toi connecté

Première série d’Andy et Lana Wachowski qu’ils ont développée avec le vétéran J. Michael Straczynski, Sense8 a récemment fait ses débuts sur Netflix avec une première saison de 12 épisodes. Celle-ci prend la forme d’un récit choral où huit personnes vivant dans huit villes différentes se retrouvent connectées du jour au lendemain. Ils partagent leurs pensées, leurs aptitudes physiques et intellectuelles, mais surtout leurs problèmes.

Thriller humaniste et ode à la science-fiction, ce drame interconnecté possède une intrigue qu’il est compliqué de résumer tant elle regorge de moments isolés dans l’histoire de chacun des personnages que de partages d’expériences face à la menace qui pèse sur eux.

Plus que le lien qui connecte entre eux tous les personnages, les Wachoswki et J. Michael Straczynski déploient une fresque humaine certes, mais surtout sensorielle et esthétique. Ils proposent un bel objet où il est parfois difficile de s’y retrouver tant la multitude d’intrigues et de personnages compose un millefeuille compliqué où la cohérence se fait attendre.

Lorsque celle-ci arrive – le quatrième épisode aidant à voir plus clair dans la menace qui pèse sur les sensates comme sur les possibilités que la connexion leur donne –, la série laisse alors entrevoir un potentiel aussi vertigineux que maîtrisé. Nous ne sommes qu’à l’introduction de l’histoire et elle se fait principalement par les personnages, le complot servant – pour l’instant – à les rassembler.

Les Wachoswki, par la diversité de leurs films – Matrix, Cloud Atlas ou le dernier Jupiter Ascending –, nous ont habitués à leur regard innovant et surtout déroutant sur la science-fiction. Profondément divertissants, mais essentiellement métaphysiques, ils n’hésitent pas encore une fois ici à repousser les frontières du récit SF-humaniste pour raconter l’histoire de huit personnages au destin exceptionnel.

Contrairement au cinéma où ils semblent souvent à l’étroit, le format série semble ici leur permettre d’étendre leurs ambitions scénaristiques et esthétiques plus que de mesure. Si son univers déployé semble difficile à appréhender, Sense8 prend son temps pour en explorer le point d’entrée : la connexion entre ces êtres que rien ne réunit de prime abord.

Difficile alors d’avoir son chouchou : entre le flic de Chicago, la Djette islando-londonnienne, le truand berlinois ou encore une femme trans, blogueuse et hackeuse de San Francisco, chaque personnage est complémentaire de l’autre. Chacun vit son drame et celui-ci se mêle progressivement aux autres dans un patchwork thrillesque infini où ce n’est pas la combinaison qui importe, mais ce que l’un peut apporter à l’autre pour s’éveiller et s’armer contre le monde qui l’entoure et celui contre lequel il se bat désormais.

C’est d’ailleurs ce que certains peuvent reprocher à la première saison de Sense8 : en s’attardant sur ses personnages plus que sur l’intrigue qui les lie tous, elle en oublie parfois de développer l’aspect science-fiction et donc feuilletonnant. Aucune réponse concrète n’est donnée sur l’origine de cette connexion où sur les motivations de ceux qui pourchassent les sensates. Cela n’empêche heureusement pas l’ensemble d’être captivant à souhait tant ce sont les personnages qui alimentent le cœur de la série.

Tant par ce que le récit retient que par ce qu’elle offre, Sense8 s’impose rapidement comme une des must see de l’année. Elle divisera sûrement parce qu’elle ne se donne pas facilement, mais elle rassemble autour de cette décortication si étrange de la psyché humaine, de ce que l’homme partage d’expériences, de défauts et d’empathie avec son voisin.

Sense8 est un puzzle magnifiquement contemporain qui trouve sa réussite dans ses personnages tragiquement humains.

Une saison 2 de Sense8 a été officiellement commandée par Netflix et arrivera l’année prochaine.

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