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Séries The English Game : Pour l’amour du football (sur Netflix)

The English Game : Pour l’amour du football (sur Netflix)

The English Game Serie Netflix - The English Game : Pour l’amour du football (sur Netflix)

Le football est plus qu’une activité sportive, c’est une véritable passion et surtout le symbole d’une lutte des classes dans The English Game, mini-série historique disponible sur Netflix.

Nous venant de Julian Fellowes, qui co-scénarise avec Tony Charles et Oliver Cotton, la série revient aux origines du football moderne. L’histoire commence en 1879 alors que le football est un sport d’amateurs dominé par l’aristocratie qui a développé les règles du jeu. Cela est sur le point de changer quand le propriétaire d’une filature de la ville ouvrière de Darwen (Craig Parkinson) recrute deux footballeurs écossais dans l’équipe locale pour pouvoir remporter la Coupe d’Angleterre, à une époque où il était inconcevable de payer un joueur.

Relatant son histoire sur 6 épisodes, The English Game suit l’équipe des Old Etonians et celle des ouvriers d’usine de Darwen et plus spécifiquement les joueurs Arthur Kinnaird (Edward Holcroft) et Fergus Suter (Kevin Guthrie), qui vont devoir surmonter les épreuves professionnelles et personnelles et transformer le sport à tout jamais.

En ressort une gentille lutte des classes, où s’opposent alors de braves ouvriers — qui ne veulent qu’améliorer leurs conditions et pouvoir jouer — aux aristocrates bornés qui ont peur du changement et qui sont convaincus que le football leur appartient. On trouve tout ce qu’on est en droit d’attendre sur le sujet, avec des conditions difficiles pour les ouvriers forcés de faire la grève et de se révolter pour assurer de pouvoir mettre du pain sur la table. Les questions d’argent et d’apparence dominent la classe aristocratique avec des diners tirés à 4 épingles et éclairés aux chandelles et la découverte des conditions de vie des pauvres pour les plus ouverts d’esprit du groupe.

The English Game utilise ainsi les ressorts narratifs classiques au récit d’opposition de classes sociales pour faire évoluer son intrigue, mais réussit malgré tout à susciter une certaine curiosité grâce à la place qu’occupe le football dans cet ensemble. Elle ne va pas au bout de son sujet, restant légèrement à la surface de la large problématique financière, surtout pour tout ce qui pouvait en découler au-delà du salaire du joueur. Elle trouve néanmoins dans l’activité sportive un symbole d’expression et de liberté bienvenue.

Car si on enlève l’élément sportif, The English Game manque sincèrement de mordant et est l’exemple parfait d’une série qui est faite par des gens compétents, mais sans aucune prise de risque. Elle délivre des portraits humains où défauts et qualités morales sont pesés pour éviter toute forme de déséquilibre trop important et ne parvient jamais à donner aux conflits émotionnels une véritable portée. On sait donc que tout va, d’une manière ou d’une autre, bien se finir.

Même sur le terrain de foot, elle parvient à peine à communiquer cet enthousiasme si fort qui définit un sport et cet esprit communautaire qui en émerge. Il y a un nombre réduit de matchs et la réalisation suit leur déroulement pour les rendre lisibles, mais certainement pas épiques. On ne va pas se lever et crier de joie pour une équipe, comme pouvait donner envie de le faire Friday Night Lights, par exemple. Certes, la comparaison est injuste, mais le jeu manque de passion. De manière générale, The English Game est une œuvre qui n’éblouit pas par ses choix visuels et se révèle plus que répétitive en terme de bande sonore.

The English Game se révèle être une série assez conventionnelle dans son fond comme dans sa forme, ce qui ne l’empêche pas d’être un divertissement honorable et d’explorer une page d’histoire — même avec ses libertés créatives — qui a de quoi séduire. Les 6 épisodes passent donc assez vite, bien qu’il manque définitivement de la passion. Pour compenser, il y a le respect et une forme d’admiration pour ce que représente le football et la place que le sport occupe en Angleterre, avec le pouvoir d’unir les classes sociales.