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Outsourced : Clash des cultures en Inde (série complète)

Outsourced - Outsourced : Clash des cultures en Inde (série complète)

Todd Dempsey, jeune manager dans un centre d’appels, est envoyé en Inde lorsque l’entreprise qui l’emploie décide de délocaliser. Arrivé là-bas, il découvre une nouvelle culture, et va devoir enseigner la sienne à ses nouveaux employés afin de les rendre plus performants. Il découvre également que son centre d’appels américain est loin d’être le seul à avoir ses quartiers à l’autre bout du monde…

Nouvelle comédie de boulot pour NBC, qui prend à bras le corps avec Outsourced la grande tendance des délocalisations. Quoi de plus (malheureusement) normal en 2010 pour une grande entreprise que d’employer des Indiens/Tunisiens/Brésiliens (à choisir selon le pays) pour rabaisser ses frais, et continuer à être rentable pour ses actionnaires ? Adapté d’un film (inédit en France) sorti en 2006, Outsourced avait effectivement le potentiel d’une série, afin de développer sur la longueur l’apprentissage mutuel des cultures entre Todd et ses nouveaux employés.

Niveau pitch, l’épisode pilote ne va pas tergiverser bien longtemps : en moins de 2 minutes, Todd passe de son centre d’appel (vide) de Kansas City à celui (plein) de Bombay, histoire d’immerger notre héros le plus rapidement possible dans sa nouvelle vie, et de bien montrer au spectateur que l’Amérique ne sera représentée que par Jerry, le supérieur de Todd, lors de visioconférences.

La série va donc dérouler la panoplie de la work comedy chère à NBC, avec rapports patrons/employés, romances de bureau, clivages divers, secrets dévoilés en salle de pause…Le tout sur fond de choc des cultures. Effectivement, si les salariés indiens doivent être capables de vendre à la perfection des produits que seuls les Américains peuvent vouloir acheter, Todd doit lui aussi s’adapter aux coutumes locales (animaux sacrés, jours fériés étranges,…)  afin de maintenir un climat de travail sain et équilibré. Dans ce sens, le show apparaît profondément progressiste et ménage une cohabitation américano-indienne plutôt bien sentie. Les personnages (et les cultures donc) s’appréhendent, se côtoient, et finissent par fusionner. Mais avant d’arriver à ce beau mélange des genres, et c’est un principe de base de la comédie, il faut savoir jouer sur les clichés.

En aborder les clichés lorsque l’on parle de 2 pays différents, la frontière est souvent fine entre humour et vannes vaguement racistes. Todd, mais surtout Charlie, autre américain à la tête d’un call-center indien, vont passer beaucoup de temps à aligner les préjugés, pas tout le temps contrebalancés par une petite leçon de morale qui permet de remettre le capitaliste à sa place. De ce point de vue, Outsourced montre clairement qu’il a été crée, pensé et écrit par (et pour) les États-Unis, et aurait gagné à avoir des scénaristes indiens à son générique, le ping-pong culturel manquant parfois de retour. Cependant, le grand méchant loup US n’est pas invincible, et les séquences où les employés vendent des nibards dansants ou de fausses flaques de sang sont de parfaites illustrations du capitalisme stupide et des mœurs consuméristes occidentales : vendre n’importe quoi, à n’importe quel prix et pour n’importe quelle occasion, tant qu’il y a de l’argent à se faire.

Manmeet: Why do American need these things?
Todd: We don’t.
Asha: So what is the purpose?
Todd: There is no purpose.

C’est vers les petites histoires et les personnages qu’il va falloir se tourner pour apprécier à sa juste valeur la série. Outsourced dessine une galerie d’hommes et de femmes plutôt hilarante, et pouvant se jouer des clichés et préjugés. Todd, le jeune manager moderne et dynamique, va être au centre de l’attention sur plusieurs points, tiraillé de toutes parts entre ses origines occidentales et sa volonté de s’intégrer à son nouveau statut. Il va ainsi jongler entre son amitié pour Charlie, expatrié lui aussi, un peu bas du front, mais généreux et rassurant, et l’envie de découvrir l’Inde par le biais de Manmeet, un de ses employés fascinés par l’Amérique, et surtout par les coutumes US, notamment en termes de séduction. Cela ne s’arrête pas là, puisque notre héros aura aussi des choix sentimentaux du même acabit,  entre une Australienne décomplexée, et une Indienne moderne, mais prisonnière des traditions.

Derrière ces personnages de premières lignes se trouvaient des seconds rôles passionnants, tel que  Rajiv, l’assistant-manager aux dents longues obnubilé par la réussite professionnelle, ou encore Madhuri et Gupta, les sidekicks impayables qui auront su faire rire, entre passion pour Bollywood et timidité maladive.

Au-delà de certains partis pris comiques parfois discutables et pas toujours très subtils, Outsourced avait réussi à se rendre attachante en seulement quelques épisodes, grâce à sa définition claire et précise de ses personnages. Le match États-Unis/Inde n’aura pas lieu, prônant tout du long l’amitié entre les peuples et l’acceptation des cultures. Il y avait donc encore du potentiel, pour aller plus loin qu’un message sympathique et un peu naïf : « Nous vivons sur la même planète, mais nous ne vivons pas de la même façon, peu importe, aimons-nous les uns les autres. »