Aller au contenu
Séries Baron Noir Saison 2 : Tectoniques des politiques

Baron Noir Saison 2 : Tectoniques des politiques

Baron Noir Saison 2 - Baron Noir Saison 2 : Tectoniques des politiques

Il y a de cela 3 ans, nous avions laissé le Baron Noir — aka Philippe Rickwaert (Kad Merad) — au fond du trou, trahi par les siens, emprisonné. Entre temps, le monde a continué de tourner et une nouvelle présidente a été élue, Amelie Dorendeu (Anna Mouglalis) ; les anciens alliés se sont trouvés de nouveaux postes et l’échiquier politique s’apprête une nouvelle fois à être chamboulé.

Il en fallut du temps à Canal +, mais elle nous offre enfin une seconde saison de son thriller politique ambitieux et tendu. Cependant, là où les huit premiers épisodes dressaient le portrait d’animaux politiques d’envergure dans un contexte d’élection et de corruption, cette saison 2 change légèrement son fusil d’épaule. Loin de délaisser ses personnages, elle se focalise plus sur la politique française à l’état pur, ses rouages et ses mécaniques.

Amélie Dorendeu accède donc à la présidence de la République lorsque Philippe, son ancien amant et associé, sort de prison. D’adjuvant à opposant, un jeu de chaises politiques va s’engager entre eux pour maintenir un semblant de gauche au pouvoir dans un contexte social complexe. Les attentats, l’éclatement de la gauche, la pensée libérale, autant d’éléments empruntés au réel vont influencer les luttes de pouvoir dans un environnement où personne ne semble en accord.

Philippe Rickwaert est toujours le lien qui unit toutes les composantes de la série entre elles. Le fantôme de Francis Laugier (Niels Arestrup en saison 1) plane toujours, mais il tente de se reconstruire par un retour derrière le rideau, à tirer les ficelles. Il est aussi celui qui montre que la politique ne se base plus sur aucune idéologie, mais sur un conglomérat d’égos et d’ambitions qui s’échauffent et se confrontent, jouant des alliances qui ne sont fondées sur aucune cohérence autre qu’un socle idéologique lointain et désormais inexistant.

C’est notamment notifié par les personnages gravitant autour des deux protagonistes principaux. La présidente doit composer avec un Premier ministre manipulateur et avenant, Stéphane Thorigny (Pascal Elbé) qui se révèle être allié et ennemi au gré de ses ambitions. De même, Philippe, qui n’a plus à gérer ses propres casseroles ou députés, s’occupe de vouloir rassembler la gauche à coups de compromis et de manipulations. Tout fonctionne, la densité de l’écriture montrant parfaitement la complexité d’un tel monde.

Tous les personnages ne sont motivés au fond que par la soif du pouvoir, ses rapports conflictuels, même ceux qui ont la conviction qu’ils le font pour de bonnes raisons. En ce sens, Cyril (Hugo Becker) et Véronique (Astrid Whetnall) sont les exceptions qui peinent à ne pas plier sous le poids de la règle. Leurs trajectoires en cette saison 2 de Baron Noir est un parcours du combattant pour maintenir leurs propositions de loi, leurs réformes sous l’influence de Philippe pour le premier et de la présidente pour la seconde. La lutte de Cyril est d’autant plus intéressante qu’elle se frotte constamment au traitement médiatique et au détournement qui peut être fait des mots.

Mais les manipulations de Philippe Rickwaert ne sont pas les seules à avoir de l’importance. Si elles sont souvent pour contrecarrer Amélie et son Premier ministre centriste, il y a le personnage inspiré par Jean-Luc Mélenchon, Michel Vidal, formidablement interprété par François Morel, qui entre dans le jeu. Il représente alors une force en mouvement qui se crée sous une image dont la députée Aurore Dupraz (Constance Dollé) va vite découvrir l’envers. Avec ce manipulateur à la hauteur du Baron Noir, on en vient alors au constat évident, mais pourtant désespérant, qu’il n’y a plus aucune flamme, plus aucun idéalisme dans la politique. Et ce n’est pas la présence des représentants de droite et d’extrême droite qui peuvent rattraper cela à coup de chouquettes.

Avec sa seconde saison, Baron Noir prouve encore sa capacité à délivrer à la fois un divertissement de qualité sans rogner sur son propos d’envergure. Elle montre alors qu’elle est une fiction pertinente et extrêmement bien construite, intégrant parfaitement les dynamiques politiques actuelles tout autant que les histoires de ces personnages. Avec elle, c’est bien la première fois que l’on attend une élection.

Vous pouvez vous procurer les deux saison de Baron noir en DVD et Blu-Ray.