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Aimer les Difficult People ne fait pas de vous une mauvaise personne

Difficult People - Aimer les Difficult People ne fait pas de vous une mauvaise personne

Ce n’est pas facile d’être trentenaire à New York et de tenter de percer dans le monde de la comédie. En particulier quand personne ne veut vous engager. Vous pouvez vous demander si ce sont les autres qui sont difficiles ou si c’est vous. Pas Julie et Billy. Pour eux, la question ne se pose pas, ce sont les autres le problème.

De plus en plus de séries nous présentent des personnages qui revendiquent ne pas aimer les gens. Peu sont pourtant aussi dédiés à la tâche de mépriser autrui que ce duo de comédiens légèrement désespérés. Il faut dire que rien ne va jamais véritablement dans leur sens. Le ton est ainsi donné dès la scène d’introduction du pilote avec une déception à Broadway qui ne sera que la première d’une liste sans fin. Ce n’est pas que Billy et Julie ne s’attendent pas à ce que les gens soient exécrables, mais ils aimeraient certainement ne pas avoir à vivre dans le même monde qu’eux.

Difficult People met donc en scène Julie Klausner et Billy Eichner dans des versions très fictionnelles d’eux-mêmes. Dans l’univers de la série, ils ont égocentriques et étonnement carriéristes pour des comédiens dans la trentaine qui n’arrivent pas à percer. Rien ne compte ainsi plus pour eux que leur carrière et celle-ci est une source de déception pour leurs proches. Cela ne les empêche pas de poursuivre, même si, en attendant, il doit servir dans un bar et elle se fait payer pour critiquer des émissions TV sur internet.

Réalité et fiction ne se mélangent donc pas tant que ça pour Julie et Billy, sauf quand il s’agit de leur passion pour la pop culture. Les écouter délivrer leurs dialogues truffés d’incessantes références à des séries, films ou spectacles en tout genre s’avère être étonnement réjouissant, en partie parce qu’ils le font avec un sens de la comparaison et de l’image qui s’approche du génie.

L’écriture est indéniablement le point fort de Difficult People. L’alchimie entre les deux comédiens en étant un autre. À cela s’ajoute clairement leur approche aussi rafraichissante que réaliste de la société actuelle menée par les réseaux sociaux. Si certains pensent encore qu’il existe une différence entre la vie réelle et internet, Julie Klausner n’en fait visiblement pas partie et ne cesse de mettre son personnage dans des positions où ce qu’elle dit en ligne déborde sur son quotidien. C’est une évolution bien réelle de notre époque, maintenant que les pseudonymes ont été remplacés par notre véritable identité.

Malgré cela, cette comédie n’est pas là pour nous proposer un avertissement, juste des constats. Ceux-ci sont parfois sarcastiques, ils peuvent virer à la parodie ou – au contraire – être étonnement authentiques, mais l’important est surtout que Julie et Billy les pimentent avec leur style agressivement honnête. Ces personnages n’ont pas de filtre, ils nous livrent sans détour les méchancetés qui viennent du profond de leur cœur. Cela peut se retourner contre eux, mais l’avantage d’avoir l’impression d’être la personne la plus saine dans l’asile de fous est qu’il est difficile de penser qu’agir de la sorte pourrait être problématique.

Une chose est certaine, aussi ingérables que ces gens puissent être, il est rafraichissant de voir une série les embrasser avec autant de ferveur sans chercher à les racheter. On pourrait même arriver à les envier, car au-delà de leurs carrières qui n’avancent pas, ils sont étonnement libres.

Difficult People s’avère être en tout cas une nouvelle comédie étonnamment accrocheuse, probablement parce qu’il y a quelque chose de libérateur à se reconnaitre dans Billy ou Julie d’une manière ou d’une autre. Aimer les entendre déverser leur flot de commentaires sardoniques et leurs observations mesquines est un divertissement qu’il est difficile de lâcher.

Hulu a annoncé la commande d’une saison 2 de Difficult People pour 2016.