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Spartacus – War of the Damned : tous les chemins mènent à Rome (saison 3)

Spartacus Saison 3 - Spartacus - War of the Damned : tous les chemins mènent à Rome (saison 3)

La rébellion esclave fait frémir tout l’Empire Romain. De plus en plus nombreux, de mieux en mieux armés, mais toujours en fuite, les milliers d’hommes, femmes et enfants menés par Spartcaus cherchent alors une cité où s’installer. Un seul général des armées romaines, Marcus Crassus, semble prêt à défier le guerrier thrace, et va devoir se montrer aussi malin que lui.

Cela ne pouvait pas durer. Malgré le succès de la série, l’équipe de production et la chaîne Starz ont décidé intelligemment  qu’il était temps de rendre à Spartacus ce qui appartenait à Spartacus : sa place dans légende. Et qui dit légende, dit mort. La fin de la saison verra donc le guerrier Thrace céder sous les assauts de son meilleur ennemi, le redoutable Imperator Marcus Crassus. Le show de Steven DeKnight aura connu une trajectoire assez inhabituelle dans le monde des séries. D’abord série Z débile et cradingue dans ce genre peu considéré qu’est le péplum, le show est devenu de plus en plus brillant dans sa narration et son « message », sans avoir à diluer son ADN formel. Une montée en puissance hallucinante qui fait de Spartacus : War of the Damned la conclusion idéale à une série hors-norme.

Car cette troisième et dernière saison est bel et bien la meilleure. Ces dix épisodes abordent une tonne de thématiques ahurissantes, donne une leçon d’histoire (tout en la distordant à son gré) et affiche comme à son habitude une débauche de sexe, de sang et de séquences de bataille toujours plus cool les unes que les autres. Spartacus, même en devenant de plus en plus maline au fil des saisons, n’a jamais oublié ce qu’elle était vraiment, un plaisir coupable. Si cet aspect n’a pas été négligé, la série a donc élevé encore son niveau par rapport à une saison 2 déjà très bonne.

Si Spartacus: Vengeance était la saison de tous les dangers, War of the Damned est celle d’une défaite annoncée. Le guerrier Thrace sème la terreur partout où il passe. L’Empire tremble alors à l’idée de voir l’armée d’esclaves déferler sur Rome. Cependant, sous les discussions apeurées des sénateurs, ceux-ci ignorent que la survie est un enjeu quotidien pour Spartacus. Malgré toute la rage qui anime l’ancien gladiateur et l’espoir de faire chuter Rome, les milliers d’hommes et femmes qui l’accompagnent faiblissent à mesure qu’ils marchent vers le cœur de la République. Marcus Crassus, dès le premier épisode, apparaît comme celui qui sera à n’en pas douter l’adversaire définitif du Spartacus. Ambitieux, riche, charismatique et sans beaucoup d’états d’âme, sa cruauté n’a d’égal que sa capacité à anticiper les mouvements (en tout cas certains) de l’armée rebelle. Se déroule alors pendant dix épisodes un jeu de chat et souris passionnant.

Les tentes (fastueuses pour Crassus, de fortune pour Spartacus) deviennent ainsi des salles de réunion stratégiques où, avec toujours des kilomètres d’écart, les deux leaders se livrent une partie d’échecs sans merci. Si les dialogues ne constituent pas la partie la plus fine de la série, ceux de cette saison ont cependant quelque chose de plus qu’avant. D’un bord comme de l’autre, les chefs procèdent lors de ces moments à des réflexions, des choix et des propositions qui ont pour point d’orgue de révéler les potentiels, les envies, les frustrations et les rivalités de chacun des « officiers ». C’est l’occasion de constater le désaccord grimpant entre Spartacus et Crixus, le refus de Gannicus à enfin embrasser son rôle de chef, la passion aveugle d’Agron envers son leader ou encore la tension permanente entre César et Tiberius. Dans ces passages, Spartacus offre aux acteurs de vrais instants de jeu où personne n’est laissé sur le carreau, tirés vers le haut par une solide bande de comédiens complices et solidaires.

La première moitié de saison est dans cette dynamique de stratégie franchement réussie, avec évidemment la présence réjouissante d’un personnage qu’on ne pensait (osait ?) pas trouver là. L’apparition du jeune Julius Gaïus César, alors jeune soldat ruiné et arrogant, mais promis à un bel avenir, prend alors tout son sens. Bien sûr, l’Histoire ne prête pas autant d’importance au futur chef de l’Empire Romain dans la chute de Spartacus (et surtout pas son infiltration dans le camp ennemi) que la série. Cette trouvaille injecte une dramaturgie très intéressante et le spectateur prend un plaisir indéniable à voir ce petit malin jouer de toute sa ruse pour se frayer un chemin dans l’armée rebelle, jusqu’à en organiser de l’intérieur le début de la fin. Avec pour conclusion de cette storyline un écho à l’épisode 5 de la saison précédente, Blood Brothers (3.05) offre là encore le plus gros morceau de baston de l’année, tous shows confondus. Un quart d’heure fou furieux où l’action occupe le moindre centimètre carré de la cité et de notre écran, quand les romains défilent en nombre pour reprendre Sinuessa, où s’étaient installés Spartacus et les siens. Avec ce nouveau moment de débauche so over the top, la série dépasse donc le record qu’elle avait elle-même installé la saison précédente. S’il fallait (au moins) une bonne raison pour convaincre les réticents au visionnage, il se trouverait ici, lors de séquences à la fois complètement foutraques et d’une lisibilité assez exemplaire au regard de ce qu’il se passe pendant ces scènes.

Avec la prise de Sinuessa, on se demande comment pourra être la séquence finale et l’on commence à se dire que Spartacus aurait dû être une saga cinématographique. On peut alors avoir quelques regrets avec l’ultime épisode (Victory, 3.10) qui manque d’envergure ; son impact est sans doute minimisé par le trop-plein de batailles proposées pendant la saison – notamment l’avant-dernière, celle de Crixus, beaucoup plus spectaculaire et plus forte émotionnellement. Un léger gâchis, quand on a attendu cette confrontation pendant 10 épisodes.

Qu’à cela ne tienne. War of the Damned nous aura fait prendre un pied monumental et a livré exactement ce que l’on voulait : du fun, du sang, du sexe et, à la surprise générale, une vraie vision narrative que l’on n’attendait pas d’un tel show. Avec une belle volonté de (re)faire l’Histoire en s’amusant avec, à la manière d’un Tarantino qui réinvente la fin de la deuxième guerre mondiale ou de l’esclavagisme dans ses deux derniers films, Spartacus offre un spectacle total, outrageusement violent et toujours aussi surprenant. Ajoutez au casting historique les nouvelles têtes qui s’intègrent parfaitement (Crassus, César, Tiberius, Koré,…) pour un résultat au delà des attentes. Dire de Spartacus qu’elle nous a procuré une émotion forte a de son épilogue serait exagéré. Mais si on n’avait sans doute pas imaginé après la première saison et son prequel que la série allait nous manquer lors de sa conclusion, maintenant c’est une toute autre histoire. Notre place dans cette série était finalement assez claire. Cela aura été tout du long avec ses esclaves en quête de liberté, suivant par monts et par vaux un guerrier complètement fou dont le rêve aura été de s’émanciper d’un régime inéquitable et totalitaire. L’Histoire est un éternel recommencement. Avé Spartacus!