Les scénaristes ne manquent parfois pas d’imagination pour donner le jour à des crossovers inattendus. C’est le cas avec ScoobyNatural qui marque la rencontre entre Supernatural et Scooby-Doo.
Velma, Daphné, Fred, Shaggy et Scooby n’en sont pas à leur coup d’essai en terme de crossover, ayant rencontré, entre autres, Batman, la famille Addams ou encore Kiss. C’est par contre une nouveauté pour les frères Winchester.
Après une introduction avec un gros dinosaure en peluche qui donne le ton, Sam et Dean — puis Castiel — sont transportés dans l’univers animé de Scooby Doo où ils vont s’allier au Scooby gang pour résoudre un mystère. Scénarisé par Jeremy Adams et Jim Krieg avec Robert Singer à la réalisation, cet improbable moment de télévision se base sur l’épisode « A Night Of Fright Is No Delight » tiré de la série Hanna-Barbera dans les années 69-70.
L’ensemble se repose sur le fait que nous sommes dans un classique de Scooby Doo et que par conséquent, le gang ne croit pas le moins du monde au surnaturel — qui sera injecté un peu plus tard dans la franchise.
Dans tous les cas, cet épisode applique la formule Scooby-Doo en y intégrant des éléments de Supernatural — à commencer par des cadavres et du sang. Le déroulement est donc ordinaire : le Scooby gang se retrouve dans une maison hantée, un mystère va se présenter à eux et vont tenter de le résoudre en récoltant des indices. Une course-poursuite loufoque se produit, Fred met en place un piège qui échoue, etc.
Bien évidemment, l’histoire ne va pas tarder à prendre un virage pour donner forme à ce crossover où les frères Winchester s’animent pour mieux amuser. Dean est comme un gamin à une fête d’anniversaire, embrassant l’improbabilité de la situation pour vivre une aventure hors norme. Il mange, drague Daphné à la moindre occasion et chasse un fantôme.
Sam et Dean font naturellement le show, mais en étant insérés dans des scènes classiques au dessin animé où les règles de survie de base importent finalement peu. Une partie de l’amusement de cet épisode de Supernatural découle alors de la familiarité que l’on peut avoir avec Scooby-Doo duquel ressort une certaine exubérance (le clin d’œil Scrappy-Doo était particulièrement sympathique). L’épisode fonctionne comme un long et gros gag qui mise sur le surréalisme de la situation pour séduire.
D’une certaine manière, ScoobyNatural s’inscrit dans la continuité de l’épisode 15 qui exploitait les stéréotypes du film noir dans une sorte d’hommage au Faucon Maltais. Ici, c’est une sorte de lettre affectueuse envers Scooby-Doo qu’est cet épisode, avec un Dean qui peut vivre pleinement son amour pour le dessin animé, et Sam et Castiel qui sont là en partie pour pointer un peu le ridicule, l’expérimenter puis l’embrasser. Les associations sont par ailleurs assez inspirées, que ce soit Velma/Sam ou Castiel/Shaggy/Scooby.
Pour son premier crossover avec une autre série, on peut reconnaitre à Supernatural d’avoir su aller dans une direction improbable, mais qui n’est pas si éloignée de cela de ce que peut offrir la série qui s’est illustrée plus d’une fois avec des épisodes méta. Et, comme cela est dit dans l’épisode, ce que fait le Scooby gang est plus ou moins la même chose que Sam et Dean. C’est ce qui fait que cette rencontre peut fonctionner.
Après 13 saisons, Supernatural continue à sa manière à expérimenter et tenter de nouvelles choses. Cette fois-ci, elle a animé ses personnages phares pour une investigation dans le monde de Scooby-Doo. On ne pourra jamais reprocher à Supernatural de ne pas s’être essayé à bien des exercices de style, cet épisode en étant encore la preuve.
