Après leur entretien avec Steve Garaci, Marty réalise qu’un détail dans un témoignage pourrait être plus littéral qu’il ne le pensait jusque-là. Avec Rust, ils commencent à remonter la piste qui les mène à Errol Childress.
Arrivée à ce stade, True Detective n’a plus qu’une chose à faire, offrir à Marty et Rust les réponses qu’ils ont cherchées durant toutes ces années. Plus précisément, il est temps pour eux de clôturer ce chapitre qui a tant défini les hommes qu’ils sont devenus.
L’intrigue suit alors une évolution relativement linéaire. La partie policière se doit de dominer pour que les deux détectives puissent atteindre leur but. Cela dit, comme ce fut le cas jusque-là, la série a beau embrasser pleinement ses racines qui sont profondément ancrées dans le genre policier, il n’est pas question de laisser certains poncifs prendre le dessus. Ce dernier épisode s’élève alors au-dessus de tout ça grâce à la réalisation de Cary Fukunaga qui appuie plus que jamais l’atmosphère étouffante et hypnotique du show. On nous entraine dans un décor qui semble vouloir nous happer dans une forme de surréalisme malsain dans lequel Rust et Marty s’enfoncent avec peu d’espoir d’en ressortir.
D’ailleurs, le fait que les deux personnages ne reviendront pas dans la suite de la série, leur histoire se clôturant définitivement ici, tout pouvait arriver et cela suggère une incertitude qui devient primordiale pour entretenir le suspense. Nic Pizzolatto n’hésite pas à jouer avec cette notion, plus personne étant alors à l’abri. Néanmoins, pour lui, il a clairement toujours été question du voyage et non de la destination. L’important était donc que tout cela se termine en mettant en perspective ce que Rust et Marty avaient traversé.
De ce fait, Form and Void nous sert à un certain degré la conclusion escomptée pour cette perturbante investigation, mais cela reste secondaire face à ce que les personnages ont à dire. Le sentiment d’accomplissement qui domine à un moment apparait alors n’être que furtif, car au cœur de la violence, les deux hommes sont confrontés à plus que ce qu’ils espéraient trouver.
D’une certaine manière, cet ultime épisode ne fait aucun compromis et même s’il donne l’impression d’user de quelques facilités à l’occasion, un point d’honneur est fait pour montrer que les deux détectives y ont laissé une part d’eux-mêmes. C’est cela qui prime quand tout est terminé, plus que les blessures physiques ou la vérité qui éclate finalement au grand jour après 17 années à être contenue dans la pénombre.
Avec ses huit épisodes, cette première saison de True Detective a clairement dit tout ce qui pouvait l’être au sujet de Rust Cohle et Marty Hart. De ce qui les sépare tant à ce qui les rend semblables, tout a été soigneusement exposé pour nous dresser des portraits nuancés au fil d’une enquête confectionnée pour nous montrer l’horreur cachée à la vue de tous, mais que seuls certains parviennent à percevoir. Ce fut parfois poussif sur différents aspects, la personnalité de Rust pouvant par moment étouffer le reste, mais une fois que l’on est arrivé à cette conclusion, cela forme un tout cohérent qui n’a pas passionné à ce point sans raison.