Il est indéniable que cette saison 3 de Fear The Walking Dead a trouvé, dans sa première partie, une voie à suivre qui lui permettait enfin de justifier son existence. L’histoire au ranch Otto débutait peut-être comme une autre catastrophe en devenir avant de reprendre la route, mais en y injectant un propos culturel pertinent, les scénaristes ont su éviter les pièges les plus évidents.
Après la pause, on revient ainsi avec une seconde moitié de saison qui a pour mission de confirmer que les progrès faits n’étaient pas le fruit d’un accident, mais bien le résultat d’une réelle évolution créative du show.
Ce retour au ranch a donc de quoi faire peur par moment, car la mort de Jeremiah était une fin en soi et il faut maintenant construire quelque chose de neuf — en particulier du point de vue narratif. L’association entre le peuple de Qaletqa Walker et les occupants du ranch ne se fera pas simplement. Le principal obstacle, au-delà des décennies de haine à mettre de côté, se trouve être Troy.
Cet électron libre était utile quand il était question d’alimenter la tension, mais il reste un artefact de ce qu’était la série. Il est bon à semer le chaos, mais il est trop volatile pour occuper une place pertinente dans une histoire qui est maintenant dédiée à la reconstruction d’une communauté. Troy ne peut pas apporter son aide pour soigner les blessures passées, car il ne saurait pas quoi faire de lui-même s’il n’avait pas un ennemi à abattre.
Les scénaristes de Fear The Walking Dead ont la bonne idée de ne pas le transformer en un monstre. À la place, il nous rappelle qu’il n’est finalement qu’une victime des travers de ses parents et qu’il n’est pas fait pour être un élément actif de la société. Madison lui offre donc une porte de sortie. La question qui se pose est de savoir si celle-ci était la bonne ou si Troy finira par devenir ce qu’on pouvait espérer qu’il ne deviendrait jamais.
En attendant de trouver la réponse, et puisque AMC est toujours décidé à diffuser rapidement les épisodes, cette reprise se fait avec deux épisodes et le second pose des challenges d’un ordre différent.
Une fois que le calme est revenu, il faut le maintenir — c’est probablement ce qui sera le plus intéressant dans les semaines à venir. Nick se retrouve alors pris entre deux feux. D’un côté, il veut la paix. De l’autre, il est perçu comme étant le leader d’une résistance qui est alimentée par une peur trop commune.
Au milieu, Alicia et Walker pointent du doigt comment Madison contrôle ses enfants et à quel point cela pourrait devenir dangereux. Nick et sa sœur se voient alors offrir l’occasion de s’extirper de l’ombre de leur mère et de prouver leur valeur. Dans un sens, c’est une évolution naturelle pour eux. Malgré tout, où cela doit-il mener Madison ?
Vers Victor Strand apparemment. Fear The Walking Dead n’est pas étrangère aux improbables rencontres. Après Ofelia qui ressort de nulle part ou encore Nick qui reconnecte avec sa famille en se faisant capturer par les mêmes personnes, Victor et Madison doivent remercier le hasard pour ces retrouvailles qui ont un but clair, ramener Daniel vers sa fille.
Réunir le groupe est d’une certaine manière risqué, car l’avoir brisé a permis aux personnages d’exister par eux-mêmes d’une façon qui a fait évoluer le show dans le bon sens — tuer Travis a d’ailleurs été l’acte le plus salvateur à ce niveau.
Néanmoins, Daniel et Ofelia ont suffisamment changé pour que leurs probables retrouvailles mènent à quelque chose d’intéressant. Nous n’en sommes cependant pas encor là. D’ailleurs, si ces deux épisodes ont oublié de faire une chose, c’est bien de laisser transparaitre ce que la fin de saison pourrait nous réserver.
Cette saison 3 de Fear The Walking Dead reprend donc en s’affairant principalement à désamorcer les pièges posés par la mort de Jeremiah et à présenter des enjeux sur le court terme. C’est largement suffisant pour maintenir l’intérêt de l’histoire intacte, surtout que cela a été réalisé ici avec quelques prises de risques qui ont été bien gérées. Il semble donc que la série se poursuive sur sa lancée, et c’est encourageant.
