Aller au contenu
Séries Autres séries Madam Secretary et le problème de la storyline feuilletonnante obligatoire

Madam Secretary et le problème de la storyline feuilletonnante obligatoire

Madam Secretary Saison 1 - Madam Secretary et le problème de la storyline feuilletonnante obligatoire

Il fut un temps où le procedural drama dans sa forme la plus simple était la norme. Chaque semaine, on avait donc une histoire indépendante. Les choses ont évolué et, pour le meilleur et le pire, toutes les séries se doivent à présent d’avoir une storyline feuilletonnante. Le plus étonnant n’est pas que cela soit devenu une sorte d’obligation pour séduire un public qui est naturellement plus demandant, à un certain degré, mais qu’une telle approche narrative soit encore mal maitrisée à ce stade.

Madam Secretary l’illustre bien, puisqu’il est difficile de ne pas avoir l’impression que son fil rouge n’en est pas vraiment un et qu’il est plus que forcé dans le show pour essayer d’entretenir des enjeux qui n’ont pas réellement de sens pour l’instant. Le mid-season finale a tout de même fait un beau travail pour sauver les meubles et parvient finalement à donner corps à une intrigue dans laquelle Elizabeth McCord (Tea Leoni) parait pouvoir évoluer naturellement.

En attendant, la série est avant tout un procedural drama qui, dans ce registre, est plutôt bien mené. Dans chaque épisode, la Secrétaire d’État négocie quelque chose, souvent pour éviter une crise, parfois pour juste tenter d’ouvrir un dialogue et, occasionnellement, pour simplement sauver la face. Bref, sur le plan politique, Madam Secretary commence à montrer une certaine forme de diversité que les premiers épisodes ne suggéraient pas nécessairement. De même, le show développe ses personnages, pas toujours de la façon la plus fine qui soit, mais ils deviennent tous à un niveau ou un autre intéressants à suivre. D’ailleurs, plus les épisodes passent et plus il apparait nettement que l’avenir de cette création de Barbara Hall repose plus sur « Bess » McCord, ses assistants et sa famille que sur les enjeux politiques qui servent simplement à fournir chaque semaine une excuse pour avoir de la tension dramatique.

Dans ce sens, il est vrai que l’aspect procedural n’est pas utilisé à son maximum, car dans le climat politique américain actuel, la série pourrait clairement être plus engagée et, par conséquent, plus pertinente. On peut même dire que la carte de la sécurité est trop souvent jouée, malgré quelques maigres excursions en eaux troubles. Elizabeth McCord n’est pas présentée comme étant quelqu’un de consensuel, mais cela ne transparait pas toujours à l’écran.

Madam Secretary est une série CBS dans la forme et dans l’esprit. Ainsi, elle privilégie le divertissement et, même si celui-ci peut être intelligent, il ne sera que rarement subversif. Une fois que l’on accepte que les questions soulevées ne seront jamais aussi risquées que ce que l’on désire nous faire croire, il est alors plus aisé de véritablement apprécier ce que le show veut nous offrir.

C’est là que la storyline feuilletonnante de cette première mi-saison se montre problématique, car elle empiète sur ce que les scénaristes font de mieux pour tenter d’installer des enjeux qui sont, au mieux, nébuleux. Une mort qui n’était pas accidentelle, de l’argent caché sur un compte à l’étranger, une maitresse manipulée, des innocents menacés… on a tous les ingrédients d’un bon thriller, mais ils sont disséminés maladroitement au milieu du quotidien déjà bien chargé de la Secrétaire d’État.

Au bout du compte, Madam Secretary a un problème qui devra rapidement être géré pour qu’elle puisse exploiter sans encombre ce qui fonctionne le mieux. Peut-être que ce fil rouge mêlant complot et espionnage international parviendra à se fondre dans la formule du show, mais peut-être également que cela ne mérite pas d’être développé.

En attendant de voir comment cela tourne, ce début de saison 1 confirme petit à petit que la série a donc définitivement de quoi être un bon divertissement qui peut véritablement tenir la distance si elle continue de s’affirmer en s’appuyant sur ses bases les plus solides, même si cela veut dire qu’elle n’a pas forcément besoin d’être pleinement feuilletonnante. Après tout, développer à l’occasion des intrigues s’étalant sur plusieurs épisodes consécutifs peut être plus efficace qu’en avoir une grande qui n’occupe que 2 minutes ici ou là.

Étiquettes: