Si Mr. Robot s’ouvrait avec Eliott qui rejoignait une révolution embryonnaire, il est à présent question pour lui de s’en tenir éloigné, même s’il est trop tard pour cela. Non seulement la révolution est désormais en cours, mais cette saison 2 débute en établissant clairement qu’elle est loin d’être terminée.
Elle n’est néanmoins plus centrale. L’a-t-elle d’ailleurs déjà été ? La série cherche indéniablement à entretenir son message subversif – et excelle même à cela –, mais ce que fsociety a accompli n’est pas réellement le sujet ici.
En étalant sa reprise sur deux épisodes, Sam Esmail prend son temps pour rappeler ce qui fait avancer Mr. Robot. Ce n’est pas la guerre contre le système économique défaillant et injuste ni les problèmes psychologiques d’Eliott qui priment. Ce sont les changements qui prennent les devants. Voir comment chacun se réinvente face à la crise devient le cœur de la série. Du moins, dans ce début de saison 2.
Ainsi, après que sa routine ait été établie dans la première partie, Eliott se retrouve mis en arrière. Pour lui, imposer l’ordre dans sa vie est le seul moyen de répondre à ce qu’il a lui-même provoqué. Son combat pour faire taire Mr. Robot n’a bien entendu un intérêt qu’à partir du moment où il perd des batailles, mais celles-ci ne peuvent pas être trop directes. Ce n’est pas le style du show.
La confusion ne règne donc pas… pour le moment. Cela ne veut pas dire qu’elle ne peut pas commencer à s’insinuer un peu partout. Après tout, si on se concentre sur le changement, comment percevoir les premiers signes du chaos ?
Tout est en effet différent. Au-delà d’Eliott, rien n’est plus réellement comme avant. Du moins, pour monsieur et madame tout le monde. Pour E Corp, il est toujours question d’être pourri et fier de l’être. C’est d’ailleurs tout le génie de l’interprétation de Michael Cristofer. Dans le rôle de Phillip Price, le CEO d’E Corp, il nous dresse le portrait imparable du criminel moderne qui agit en toute impunité. Il ne le fait pas parce qu’il est mauvais, mais parce que le système a besoin de quelqu’un comme lui pour fonctionner.
À cet égard, Mr. Robot se montre de plus en plus cynique. Comme le discours de Darlene dans le précédent épisode, celui de Price établit une vérité bien trop commune. Dans le contexte de la série, cela devient par contre presque surréaliste, un peu comme si nous regardions un show d’anticipation alors que ce sont les commentaires sur les défaillances de notre système qui sont le plus ancrés dans la réalité.
En imaginant l’impact qu’aurait l’effacement de la dette de millions d’Américains, Sam Esmail s’efforce juste d’amplifier les dégâts de la dernière crise économique, nous laissant apercevoir ce que pourrait être la prochaine.
Cela dit, Mr. Robot est une fiction et, si ses discours contestataires ont fait sa réputation, ses personnages ont fait son succès. Dans ce sens, les voir à la recherche de nouvelles bases dans ce monde en mutation est ce qui fait avancer le récit.
Ainsi, au milieu de scènes d’exposition qui mettent en place de nouveaux joueurs, nous reconnectons avec ceux que nous connaissons. Angela s’impose alors comme étant l’illustration parfaite de ce que la série cherche à affirmer à ce stade.
Anciennement fragile en apparences, elle s’est créé une façade rigide pour survivre. Comme pour E Corp, l’important pour elle est que le monde entier croit qu’elle est au contrôle. Néanmoins, contrairement à son nouvel employeur, elle doit encore affiner son jeu. Elle pourrait prendre exemple sur Joanna Wellick qui agit comme si la disparition de Tyrell n’avait pas eu d’effet sur elle, mais certains signes, aussi discrets soient-ils, révèlent que ce n’est pas le cas.
Cette saison 2 de Mr. Robot reprend donc en tentant de garder sous contrôle tous les aspects de son histoire et de ce qui a défini sa personnalité. Cela se fait en nous montrant des personnages qui font exactement cela. Ils cherchent à conserver leur composition en s’adaptant au changement, mais on nous dévoile déjà des failles. Il ne reste plus qu’à les explorer.